Sixième, septième, peut-être même huitième visionnage, ça fait un moment que j'ai cessé de compter, mais en salle cette fois, à l'occasion d'une restauration 4K, approuvée par Lynch, à la sortie plutôt discrète.
Je l'avait vu pour la dernière fois pendant le premier confinement, calepin à la main, prenant des notes afin de ne louper aucune piste, de le comprendre le mieux possible...
Était-ce une bonne idée ou pas je ne le sait toujours pas, mais cette fois-ci, bien calé dans un fauteuil de la Filmo, c'est pour la stratégie inverse que j'ai opté, celle de se laisser porter.
Et c'était certainement la meilleure chose à faire, car autant qu'un génial casse tête, décortiquant le spectateur autant que l'inverse, Mulholland Drive est un pur objet de fascination, se jouant constamment du langage cinématographique et symbolique pour faire ressentir des passerelles narratives sur lesquelles bloque une analyse un peu trop terre à terre.
Curieusement c'est en lâchant ainsi prise que le film m’apparaît plus compréhensible, la trame générale n'étant finalement pas si ténébreuse, mais baignant à chaque instant dans les limbes du rêve, créant cette fascination magnétique sans pareil. Une sorte de lettre d'amour pour la magie du cinéma, aimant autant les zones d'ombres que la lumière des projecteurs, tout à fait en adéquation avec un portrait à l'acide d'Hollywood, machine à réaliser et créer autant qu'à briser les rêves, au milieu de moult requins en profitant pour rendre clinquants leurs plus bas instincts.
Ce qui est le plus fou avec ce film ne se découvre qu'à force de revisionnages, sur le long terme, car ce que l'on y trouve est tout aussi lié à une meilleure connaissance du film et des références qu'il dissémine qu'au fait que chacun y voit des choses, entre autre en hors champ, venant de lui même, rappelant qu'en évoluant nous ne somme plus tout à fait le même spectateur d'une fois sur l'autre.