Incompréhensible à la première vision, Mulholland Drive est un film faussement compliqué qui brouille les pistes par la voie fantastique.
Comme tout film de Lynch, il y'a une grande part d'interprétation personnelle
La fille blonde représente l'innocence et la bonté, la brune représente la célébrité et la passion.
Le sujet est le monde magique mais terrifiant d'Hollywood.
La passion et la célébrité est amnésique chez toute nouvelle personne qui se lance à Hollywood, elle n’apparaît pas encore mais elle est tapis dans l'inconscient, prêt à bondir quand les circonstances seront présentes pour cela.
Les personnages âgées qui accompagnent cette blonde à l'aéroport sont ces voix intérieures. Elles révèlent étrangement souriantes et excitées au début mais elles sont déja troubles dès le début.
La protagoniste est d'une positivité si extrême qu'elle est étrange, c'est l'inquiétante étrangeté que Lynch dépeindra dans la grande majorité de ces films.
Le film avance et la brune qui est au début en état de fragilité prend le dessus sur la personnalité de la blonde. Son esprit de gloire et son envie de conquête qui passe par séduire le réalisateur ( autant artistiquement que dans d'autres proportions) s'installe et il n'est plus possible de revenir en arrière.
Dès son arrivée, la protagoniste blonde est pourtant prévenue par la prédiction d'une voyante un peu folle : "Tu cours un grand danger ici".
La scène de la soirée est d'ailleurs une continuité de ce mouvement, la blonde ne peut plus qu'observer la brune se manifester, elle ne peut plus exprimer sa propre personnalité et elle doit la laisser sur un coin de la table à Hollywood.
Le réalisateur a lui aussi sa propre conscience, celle du cow-boy qui lui explique qu'il ne peut pas tout contrôler malgré le fait qu'il dirige tout, il est obligé de laisser les producteurs choisir son actrice principale, il doit laisser son égo de coté et leur dire "c'est la fille parfaite".
Outre la traditionnelle satire du monde Hollywoodien avec les caprices de tout ce petit monde ( la scène du café et de la serviette assez mémorable), on perçoit les conflits intérieurs d'une actrice qui veut percer dans ce milieu étrange, à la fois onirique et cauchemardesque.
La protagoniste sera à la recherche d'elle même durant tout le film, "elle ne sait pas qui elle est", le jeu de la clé et de la boite et grand classique lychéen elle tentera de s'appeler elle même, à la recherche de sa propre conscience.
Comme tout film de lynch, on ne sait pas ce qui revèle du fantasme et de la réalité mais on peut supposer que l'actrice est devenue une prostituée d'Hollywood au lieu de d'avoir un destin de grande actrice brune qu'elle aurait rêvé devenir.
A travers sa quête intérieure, l'actrice ouvrira une porte interdite et verra ses placards ensanglantées intérieurs accompagnés d'un macabé.
Ses voix se réveilleront de nouveau durant le film plus déchaînées que jamais et à accomplir l'acte funeste du suicide.
La boucle est bouclée et le film se finira sous les néons de star, sous ce rêve inaccessible de gloire qu'Hollywood ne peut pas offrir à tout le monde.