Je suis égocentrique. Je suis rancunière. Quand ces deux traits de caractère sont touchés on peut se douter que ça fait des étincelles, et c'est ce qui s'est passé avec Mulholland Drive. Je n'aime pas qu'on se fiche de moi et se retrouver à la fin d'un film en se disant "j'ai rien compris", c'est... insultant. Oui parce que d'après ce que j'ai vu il est impossible de comprendre ce film au bout d'un seul visionnage et il faut le revoir pour remettre les éléments en place. Et ça, j'aime pas. J'adore pourtant les films complexes, où on se triture l'esprit, j'ai même appris qu'il y avait un terme pour les désigner, "mindfuck". Ce genre de films qu'on ne comprend jamais totalement, qu'on ne peut jamais expliquer clairement et dont on découvre à chaque nouveau visionnage des aspects qui nous avaient échappés. Pourtant, même si à la fin de ces films on se retrouve dérouté, on comprend. On a bien besoin de regarder de nouveau pour tout assimiler mais on comprend bien le fil directeur. Avec Mulholland Drive, ce n'est pas le cas. Le seul moyen pour comprendre, c'est de le revoir. Mais tous les spectateurs n'ont pas la motivation pour ça. Alors moi j'ai fait simple, j'ai cherché sur Internet et il s'avère que l'histoire n'est pas trop compliquée. Et ce film part vraiment sur de bonnes bases, l'idée de construire la majorité de la narration sur un rêve qui d'écroule à la fin et qui montre en fait l'inverse de la vie réelle du personnage, c'est prometteur. Mais je pense que Lynch a été trop gourmand - je ne connais pas le reste de sa filmographie donc j'éviterai de trop m'avancer sur son style - et a voulu mélanger les éléments qui constituent habituellement un mindfuck (non mais j'adore ce terme). Sauf qu'à vouloir rendre le film complexe, on se perd dedans et il perd tout son sens. Faire un twist à la fin, soit. Mais encore fallait-il qu'il soit compréhensible. Parce que le moment où la fille se réveille est étrange, on voit plusieurs plans avec le cadavre sur le lit puis soudain un homme habillé en cow-boy lui dit de se réveiller et la fille, qui est en vie, se lève. S'ensuivent ensuite des scènes qui ne sont pas placées dans l'ordre chronologique, et même si on comprend les gros éléments - la copine de la fille la quitte pour le réalisateur, la fille est jalouse puis quand elle demande à la faire tuer c'est pas très clair - on ne parvient pas à faire le lien avec ce qui s'est passé avant, les rapports entre les personnages, les noms. Rendre ainsi floue la compréhension de son film est peut-être une volonté de l'auteur mais je trouve ça dommage dans le sens qu'il perd beaucoup de spectateurs qui ne prendront pas la peine de chercher une explication. Après, il n'y a pas que ça. Le film est quand même long à démarrer, les vingt premières minutes on ne comprend pas qui est la fille, qui sont les gens qui la cherchent et on ne voit pas où tout ça va nous amener. Ensuite tout le reste du rêve on croit comprendre mais en fait non. J'ai trouvé la scène au Silencio particulièrement pesante, toute une série de numéros pour nous dire que ce qu'on voit n'est qu'une illusion mais l'ambiance est tellement bizarre que ça en devient difficile à regarder. Dans le rêve, il y a beaucoup de passages étranges - normal pour un rêve - qui sur le coup suscitent notre interrogation puisqu'on ne voit pas le rapport avec les personnages principaux mais qui même après coup n'ont pas d'explication particulière.
Enfin, j'ai hésité à mettre 5 ou 6 à cette oeuvre mais je crois qu'elle me laisse quand même une impression négative, donc j'ai préféré la noter en-dessous de la moyenne.
Oriane

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