A la suite de la prise d'otages de Munich, le gouvernement israélien décide d'exécuter plusieurs responsables palestiniens liés à cet attentat...
Dans les années 2000, Steven Spielberg a vraiment noirci ses films. Si l'on excepte "Indiana Jones et le temple maudit", il lui a parfois été reproché d'être enfantin, consensuel ou naïf.Après "Minority Report" et "La guerre des mondes" Spielberg continue sur sa lancée.
"La guerre des mondes" est une parabole du 11 septembre. Ici il reprend ce fait historique célèbre où il est question du fameux attentat aux J.O de Munich ce qui est une autre manière de parler de ce traumatisme.
Spielberg tire de cette histoire un vrai thriller politique qui va virer sans en avoir l'air au thriller paranoïaque .Parce que ce qui l'intéresse est comment et pourquoi on tue des gens. "Munich" est en fait une réflexion sur la violence. Il suffit de voir comment le personnage Avner Kaufman joué par Eric Bana devient à la fin du film...
Et comme dans beaucoup de ses films il est question de relation père-enfants notamment à travers les personnages joués par Mathieu Amalric et Michael Lonsdale.
Le casting est surprenant et même assez audacieux: Eric Bana qui avait tourné auparavant "Hulk" trouve ici sans doute son meilleur rôle. Il joue un personnage sur le fil qui se pose des questions sur ce que lui et ses hommes font. Il donne une profondeur, une sensibilité et une intensité que je ne lui soupçonnais pas. Dans les rôles secondaires on retrouve un acteur quasi inconnu du nom de Daniel Craig.Il en impose avec son regard bleu glacial.Un an plus tard il sera James Bond dans "Casino Royale" (peut être grâce à ce film?). Les acteurs français ne sont pas en reste entre Mathieu Kassovitz et surtout Mathieu Amalric magnifiquement ambigu et Michael Lonsdale qui donne une sagesse étonnante à son personnage lui aussi ambigu.
La mise en scène de Spielberg est exemplaire: aussi à l'aise dans les scènes intimistes que les scènes spectaculaires avec plusieurs moments marquants(en particulier la fameuse scène avec la femme ou celle avec la jeune enfant et son père avec le téléphone qui sonne...).
Avec "Munich" Spielberg confirme qu'il est un des réalisateurs les plus en forme et les plus pertinents des années 2000 en osant s'aventurer dans la noirceur.