She's a maniac
Le moins qu’on puisse dire est que ce film ne jouit pas d’une grande réputation. Réalisé dans la période américaine de Lucio Fulci (comprendre les films tournés à New-York), il s’inscrit dans la...
le 5 sept. 2023
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- Quelle bandes de serpents. Comment appelleriez-vous cela en criminologie ?
- Un milieu de vipères.
- Bravo, tu vois à quoi sert le collège.
Murderock réalisé et écrit par Lucio Fulci (avec l'aide à l'écriture de Gianfranco Clerici, Roberto Gianviti et Vincenzo Mannino) est un giallo proche du slasher s'articulant autour d'un univers musical impitoyable : « le Flashdance ». Le cinéaste italien livre un produit inaccoutumé et singulier au sein de sa filmographie en dirigeant son intrigue au milieu d'une école de danse située aux Arts du Centre Living à New York, où un mystérieux meurtrier sévi. Des jeunes danseuses sont assassinées à travers un cadre sous tension, où se joue une sélection primordiale avec des agents promoteurs pour une grande production, prêt à recruter jusqu'à trois filles qui seront sélectionnés autour d'une performance artistique. Un état de fait qui ne laisse aucun doute quant au raison des tueries : « éliminer la rude concurrence ». Une rivalité jalousive entre les danseurs qui s'accusent les uns des autres d'être le tueur. Au centre de cette intrigue, le cinéaste italien mène un jeu de faux-semblants à suspense autour d'une enquête appréciable qui vers la mi-chemin souffre d'un ralentissement de rythme qui heureusement retrouvera un semblant énergique lors d'une révélation finale plutôt sympa. Un périple nocif à travers lequel l'on suit Candice Norman par la comédienne "Olga Karlatos", qui offre une performance convaincante, suivie d'une ribambelle de comédiens avec "Cosimo Cinieri" pour le lieutenant Borges : personnage cynique-ironique plutôt sympa, "Geretta Geretta" pour Margie la compulsive, ou encore "Ray Lovelock" pour l'énigmatique et taciturne George Webb. S'ajoutent des créatures de rêves qui serviront de magnifiques chairs fraîches pour le tueur, avec les comédiennes : "Angela Lemerman" pour Susan : la première victime, "Belinda Busato" pour Gloria, "Maria Vittoria Tolazzi" pour Jill, et la déesse au corps endiablée : "Carla Buzzanca", en tant que Janice. Vient la jeune comédienne (à l'époque) "Silvia Collatina", qui trois ans plus tôt avait déjà jouée pour le cinéaste italien dans « La Maison près du cimetière ». Enfin, Lucio Fulci nous offre un petit Caméo sympa dans le rôle d’un agent prénommé Phil.
Murderock est une œuvre qui justifie son existence par une tentative du cinéaste à nuancer son jeu d'horreur brutal en livrant des séquences de meurtres qui ne sont ni gore, ni violent, ni horrible. Un assassin qui chloroforme ses victimes pour mieux les transpercer au cœur avec une longue épingle à chapeau. Une broche qui dans la culture occidentale, est initialement un accessoire décoratif féminin pouvant atteindre jusqu'à 20 cm. Une approche presque poétique tenant d'une œuvre d'art morbide durant laquelle la caméra s'attarde sur la mise à mort via un esthétisme surprenant. Une élaboration qui passe par une très lente description qui fournit une immersion dérangeante. Une longue épingle qui prend son temps pour pénétrer la poitrine de la victime, soutenu par une résonance de sons provenant des battements du cœur jusqu'à ce que celui-ci cesse de battre. Des mises à mort éprouvantes autour d'un suspense étalé telle une peinture transgressive. Une introspection sur la dilution allégorique de la violence qui à défaut d'être parfaite reste d'un intérêt réel pour tout fan du cinéaste. Une technicité inspirée que l'on retrouve à d'autres niveaux et qui ne manque pas d'idées. En atteste une vision onirique illustrée lors d'un cauchemar mettant en scène l'assassinat du rêveur (Candice Norman), par le biais d'une réalisation qui symbolise cet instant fantasmagorique par une création artistique. Un éventail de tentatives à l'origine d'un environnement surréaliste symbolisé par une atmosphère mystérieuse autour de laquelle gravite une palette de couleurs offrant un décalage avec le côté terre-à-terre du récit. Une résultante qui s'accompagne d'une superbe photographie de Giuseppe Pinori, qui bonifie la nudité des femmes malgré une gratuité évidente. L'esthétisme d'une œuvre au détriment d'une action principale qui manque d'impact par-ci et par-là, mais qui grâce à son atmosphère si particulière compense en partie ce manque.
Lucio Fulci s'entoure de la chorégraphe Nadia Chiatti, pour livrer des scènes de danses, qui font le sel de cette œuvre. Des chorégraphies très vivantes filmées avec adresses. Une mise en scène enrichissante qui à travers son cadrage, son découpage et sa mise en images, embellissent les mouvements des femmes au point d'en faire une danse à connotation érotique. Une idéalisation du corps féminin inattendu : à l'origine de quelques ballets sous tension sexuelle, où la sueur des corps chauds vient se mêler aux respirations précipitées et bruyantes des danseuses. Une élaboration qui donnera lieu à quelques séquences saisissantes, entre une scène d'ouverture en plein trip Flashdance, ainsi qu'une démonstration très affriolante dans un bar par Carla Buzzanca, qui se livre à un rodéo du corps sulfureux et orgasmique. Un travail chorégraphique qui s'accompagne d'un score synthétique particulièrement entraînant que l'on doit à Keith Emerson, accompagné de la belle voix de Doreen Charter. Une mouvance pop-dance typique des années 80 qui accompagne efficacement les méfaits noctambules du prédateur à la broche maléfique.
Murderock réalisé et écrit par Lucio Fulci est un slashiodance divertissant, qui vient contraster le cinéma violent, sale et contaminant du cinéaste italien par une ébauche de style, qui confère aux meurtres un caractère artistique. Une tentative bienvenue à laquelle s'ajoute une composante érotique de talent autour des danses endiablées des comédiennes qui font monter le tensiomètre à fond. Si au niveau de la forme le film est un épouvantail d'idées réjouissantes, le fond patine avec un récit qui a du mal à maintenir sa dynamique autour de l'action.
Considéré par pas mal des spectateurs comme un film médiocre, Murderock mérite bien plus d'attentions et de reconnaissances au vu du travail fourni par le cinéaste italien, qui est totalement sorti de sa zone de confort pour livrer une véritable proposition artistique morbide. Même Fulci est capable de nuances.
Je dois considérer la possibilité qu'il y ait un paranoïaque parmi vous qui a décidé de vous tuer tous. Je vais te dire quelque chose. Il aurait mon approbation de tout cœur.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Classement du meilleur au pire des films d'horreur dont j'ai fait une critique, « FREAKS ON » : les films vus sur la plateforme, par classement préférentiel et Les meilleurs slashers
Créée
le 15 juin 2022
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