Quand le cinéma de genre espagnol ennuie...

(...) Shrew’s Nest ( Musarañas ) de Juanfer Andrés et Esteban Roel, (...) est la première réalisation longue des deux espagnols. Produit par Álex de la Iglesia, ce petit film d’horreur en huis-clos, est efficace par sa mise en scène et généreux lorsqu’il s’agit de coudre une jambe à un lit et de découper des membres avec une scie rouillée. Les acteurs sont tous magnifiques et propulsent alors le film dans des sphères qu’il n’aurait pas pu atteindre sans ça, celle de l’implication totale du spectateur quant au calvaire que subit la victime. Très Misery de Stephen King dans le scénario ( adapté par Rob Reiner au cinéma ), l’histoire évolue de manière très classique mais quelques faiblesses d’écritures handicapent la crédibilité de certaines séquences et vont jusqu’à fausser le sens du film dans une conclusion bâclée et attendue. Je pense notamment à ce jeu de cache-cache improbable lorsque la jeune sœur va rendre visite au blessé, dans ce vieil appartement où toutes les portes grincent et le parquet craque dans tous les sens, sans se faire entendre par l’aînée, ou encore ce corps en décomposition dont l’odeur n’aurait jamais alerté les voisins. Les réalisateurs ont-ils déjà senti ne serait-ce qu’une souris morte dans le coin d’un grenier ? Le film reste bon dans son ensemble, drôle et violent quand il le faut, mais sa réalisation, certes efficace mais trop classique, l’empêche de transcender sa condition de film de genre espagnol.