Bien avant le mariage pour tous
Cela fait bientôt deux ans que Ken Russell est passé de vie à trépas. N'ayant toujours rien vu de ce cinéaste, je profite d'une très belle démarque d'un magasin en Belgique pour me procurer The Music Lovers pour une bouchée de pain. C'est donc sans aucun a-priori, mais également sans aucune idée de ce qui pouvait m'attendre que j'ai regardé ce film.
Russell évoque un point principal de la vie de Tchaïkovski qu'est son homosexualité. C'est une adaptation assez fidèle de la vie du compositeur tout en prenant évidemment des libertés sur l'histoire, notamment dans les relations qu'il avait avec madame Von Mack ou son épouse.
Le début du film est haut en couleur et en musique. Une ambiance de fête et déjà des craintes pour moi: si tout se passe de la sorte, je risque de très vite décroché. Mais très vite, l'ambiance festive de musique et de danse s'arrête.
La particularité de cette oeuvre réside probablement dans l'utilisation quasi permanente de la musique de Tchaïkovski. Russell joue parfaitement de cela, certaines séquences partant de la musique, des prestations de comédiens parfois proches d'un opéra filmé, du moins à mon humble avis.
En fait, c'est parfois dans la prestation de Richard Chamberlain que j'ai un peu de mal à suivre. C'est pourtant un acteur que j'apprécie, mais cette tendance à surjouer m'agace un petit peu, notamment par exemple dans cette séquence où il joue du piano. Peut-être aussi que la musique de Tchaïkovski ne me touche pas beaucoup, hormis l'un ou l'autre passage. Mais du moins, elle est loin de me parler.
Pour le reste, la réalisation de Russell est vraiment sublime par moment. Il possède aussi un excellent photographe, parce que certains plans sont dignes de ce que l'on voit chez Terrence Malick (les scènes dans les champs de blé, par exemple, ou la jeune femme promenant son chien voyant Tchaïkovski tenter de se suicider).
J'aime particulièrement bien le traitement de l'homosexualité chez le compositeur par Russell. On sent assez bien les difficultés du musicien pour se fondre dans la masse, d'accepter les pressions sociales, du moins dans le film, de tenter de combattre sa nature, avec échec, évidemment. Bref, un bonne surprise que cette oeuvre baroque où je ne pensais pas accrocher autant.
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