Je découvre avec « The Music Lovers » le cinéma de Ken Russell, et confirme : celui-ci n'est pas le digne héritier de Robert Bresson. Ce qui n'est pas un reproche, loin de là. Oui, cela crie beaucoup, bouge beaucoup et le grandiloquent n'est jamais loin, mais on ne peut pas se plaindre d'avoir habituellement des gentils biopics propres sur eux et descendre ceux qui tentent une approche radicalement différente. C'est manifestement le cas du réalisateur anglais qui, au risque de s'éloigner de la vérité historique, nous bombarde d'effets visuels innovants, le tout entrecoupé de fantasmes, de rêves, de purs moments lyriques et colorés nous en mettant plein la vue.
Pour autant, l'œuvre garde presque constamment une tonalité tragique éprouvante, à l'image de personnages plus passionnés les uns que les autres, permettant aux enjeux de rester constamment intéressants, aussi bien dans la relation entretenue par Piotr Ilitch Tchaïkovski avec sa femme que sa bienfaitrice. Tout cela est fou, souvent excessif (voire hystérique) et assez somptueux, la musique du génial compositeur étant évidemment un atout de plus pour un récit à l'image de son héros, génial et torturé : une expérience à (re)vivre d'urgence.