Après avoir réalisé et coscénarisé "Warcraft : Le Commencement", Duncan Jones nous revient avec "Mute" qui n’est pas s’en rappeler ces deux premiers longs métrages, "Moon" et "Source Code". Revenu à son premier amour, la science-fiction, le réalisateur tente de nous émouvoir avec la triste aventure d’un personnage muet, à la recherche de sa bien-aimée. Exclusivement disponible sur Netflix, le film a déjà eu plusieurs retours négatif du public.
Contrairement à son habitude, le réalisateur nous expose un environnement Cyberpunk avec peu d’intérêt. Là ou dans "Source Code", il nous proposait d’utiliser la science-fiction en nous faisant revivre le film Un jour sans fin… Ici, on en vient presque à se questionner sur l’intérêt d’un tel monde. On nous propose une vision d’un Berlin 40 ans plus tard, une ville remplie de technologie, remplie jusqu’à l’étouffement. Une représentation manquant cruellement d’originalité, car bien trop similaire au Los-Angeles de "Blade Runner". Pourtant, l’ambiance visuelle est réussie en termes de qualité graphique. Le design des décors et le réalisme des lieux, rappellent les travaux du célèbre dessinateur français d’Enki Bilal. Néanmoins, le film aurait aussi pu se dérouler dans les années 60, puisque ce dernier n’utilise pas ces éléments futuristes.
Ce jeune réalisateur, va ravir les théoriciens en tout genre avec son long-métrage. Il choisit de situer l’univers de "Mute" dans le même que celui de "Moon", qu’il a précédemment réalisé. En effet, le personnage de Sam Rockwell est évoqué lors de la retransmission d’un procès, comme pour rappeler la fin de "Moon". On peut malgré tout regretter que ce ne soit qu’un clin d’œil. Heureusement, Alexander Skarsgård, sauve le film de la noyade. Connu pour son rôle d’Eric Northman dans la série "True Blood" et plus récemment dans le dernier "Tarzan" de 2016. Il incarne ici Léo, un homme attendrissant, atteint de mutisme. Il est le barman timide d’un stripclub, passionné d’art, désintéressé par la technologie, puisqu'il est Amish et donc en décalage avec son monde.
L’acteur arrive à rendre la recherche prenante, et on souffre du manque de sa petite amie avec lui. En parallèle, on va suivre le quotidien de deux mystérieux chirurgiens américains, Cactus (Paul Rudd) et Duck (Justin Theroux). Ils pratiquent des tortures et d’autres opérations illégales, pour le parton du stripclub dans lequel travaille Léo. C’est avec ce va et viens scénaristiques, que se dresse alors une forte opposition entre notre héros et Cactus, l’antagoniste principal. L’un émotif et émouvant, face au bourreau sans aucune limite. Cette dualité est mise en scène intelligemment, renforçant les différences entre les deux personnages.
Mais lorsque l’intrigue principale se termine et que tous les mystères sont révélés, le film continue avec lourdeur. Le héros est mis face à Duck, un personnage bien trop secondaire, un pédophile pouvant alors profiter librement de la fille de Cactus. Duck choisit de rendre la voie à Léo, en lui faisant subir une opération, pour l’entendre s’excuser… Choix incompréhensible de Duncan Jones, permettant au film de continuer pendant 30 minutes. Cette histoire de vengeance s’éternise inutilement, ne laissant pour le spectateur que des enjeux secondaires afin de se contenter.
Pour terminer, le film met notre héros face à son dernier affrontement et là, on se rappel que Léo a une passion pour la natation... Fusil de tchekhov très peu habile, car:
Lorsque Duck et Léo se parle sur un pond avec une rivière en dessous, on se dit automatiquement que Duck est foutu... Ce mastodonte de Léo est totalement dans son élément et on ne craint pas une seule seconde pour lui.
Il serait injuste de classer toutes les productions Netflix dans des films moyens, voir mauvais. "D’abord, ils ont tué mon père" et "Okja" ont prouvé que cette plateforme peut produire et diffuser des longs-métrages plus que convenables. Malgré tout, Mute restera gravé aux côtés des "Bright", "Cloverfield Paradox", "Altered Carbon" et des autres productions anecdotiques, que propose cette plateforme de streaming.