Léo aime sculpter des dauphins sur des bouts de bois, une fille aux cheveux bleus (# Enki Bilal), les hippocampes et la vraie valeur des vraies choses parce qu’il a des origines Amish, et que les vrais savent que le dessin et la gouge valent tous les écrans tactiles ou intra rétiniens de ce monde en proie à la décadence technologique.
Car Léo vit dans un futur un peu dystopique où l’âme s’est perdue dans des bas-fonds technoïdes où le sexe cristallise toutes les perversions, à grands renforts d’humanoïdes et de déguisements mélangeant du Jean-Paul Goude fin de race (# Valérian) et du japonisme pseudo trash (# le remake de Ghost in the Shell).
Mais lui est un romantique : il fait l’amour avec Bluette sur son établi, alors que la pluie bleutée par cette ville mégalopolistique (#Blade Runner) s’invite dans l’embrasure.
Léo est muet, et c’est tant mieux : il limite sa mièvrerie à des dessins de divers fruits de mer, et passe le reste de temps à exprimer son amour en brutasse qui tabasse les rascasses responsables de la disparition de son big love (# Liam Neeson).
Cactus est méchant : il a des chemises à fleur, il dit fuck, il a un couteau gigantesque (#Rocco) et roule des gros yeux en parlant comme un possédé (#Nicolas Cage). Méchant au point d’égratigner le capital sympathie de Paul Rudd, ce qui est tout de même une véritable performance.
Ses accointances nous souillent de tout ce que la ville du futur peut générer de plus glauque : des néons sur les vélos, des yeux blancs, des réseaux de prostitution, des drones qui vous servent des repas volants et des retransmissions d’un procès qui renvoient à Moon.
Mais Léo a beau avoir le larynx atrophié et subir les avanies du célibat imposé, il a tout de même la lisière du rectum ornée de coquillettes : il retrouve une adresse avec le bon vieux coup du carnet qu’on noircit en négatif (#OSS 117), se farcit des annuaires pour retrouver un numéro (parce que rétif aux écrans, il aime faire du vrai boulot avec une vraie valeur) et nage au début du film pour bien vous faire comprendre que ses talents d’apnée alliés à sa passion pour les dauphins (# Le Grand Bleu) lui permettront de gérer la séquence finale.
Léo vit dans un univers de film noir : il fait souvent nuit, la ville est démesurée, et tout se résume à chercher la femme (# Ellroy). Ses cernes et ses œdèmes sont l’indicateur du temps écoulé, et décidément, ce bas-monde dont on ne comprend pas grand-chose, à savoir Berlin avec des soldats américains déserteurs et des chirurgiens à la solde de la mafia russe, un gloubi mondialisé (# Southland Tales) justifiant toutes les errances d’un récit dont la finalité est avant tout graphique.
(Spoils)
Léo ne lâche rien : il cherche Bleuette, mais se fait embobiner par cette étrange boite mensongère qu’est le smartphone du futur, alors que les dessins, eux, disent la vérité (les dauphins, donc, et la famille Ours pour la chtiote gamine qui parle jamais et semble TELLEMENT destinée à devenir sa propre fille).
Cactus a un pote pédophile, un blond avec des lunettes rondes : ça lui permet de s’outrer encore plus et de presque en cracher son chewing gum, mais il l’aime quand même, et ils parviennent à un compromis raisonnable : jamais sur ma fille. Mais Cactus pique des cacahuètes dans un Centre Commercial, et tout part en arachides, et il finit par gifler Pédobear qui par vengeance décide alors de le livrer à Liam Neeson qui va transformer son bout de bois dauphinois en batte létale (# Drive), retrouver Bluette plastifiée (#Laura Palmer) et proposer à Cactus un deepthroat ultimate director’s cut. (# véridique, #LSD, # grève des scénaristes).
Mais le récit étant ambitieux (# > 120 minutes), Pédobear lui répare le larynx pour qu’il s’excuse (à ce stade-là, on abandonne toute possibilité d’analogie tant le WTF dicte sa loi d’airain), l’emmène voir le vrai du vrai, à savoir l’amour gravé sur un banc devant des montagnes, et la nature reprenant ses droits sur la superficialité méphitique des villes, on se purifie dans l’eau claire, et on dit ses premiers mots comme un papa à la carpette junior qui, du coup, elle aussi, parle, y’a pas de raison, aujourd’hui c’est promo, un qui parle, l’autre c’est gratuit.
Titre prometteur, qu’on ne pourra pas accuser de publicité mensongère : Mute n’a rien à dire, et laisse sans voix.