On ne va pas le cacher, Mute inspirait à une œuvre unique et remarquable. Duncan Jones a toujours vendu ce projet, comme l’un des plus importants de sa vie. On était donc en droit d’en attendre quelque chose de grandiose. Malheureusement, le long métrage est d’une inégalité affligeante. N’oublions pas que le réalisateur a perdu son père en 2016, et que ce chagrin est peut-être l’une des causes de ce manque de développement sur chaque aspect du film. Paradoxalement à son rythme, on a l’impression que Duncan Jones a littérairement expédié son long métrage.
Sa mise en scène est étonnement très classique, la réalisateur et son équipe ne proposent rien de neuf. Je n’oublie pas sa déclaration dans Deadline qui disait : « Mute est un film qui va rester. Il est différent de tous les films de science-fiction réalisés ces temps-ci ». Je me demande vraiment en quoi ? Les scènes d’actions n’ont aucun punch, aucune fulgurance, on se demande même si on est pas devant une série des années 90. Ou est Duncan Jones ?
La direction artistique est quelconque, tout comme la photographie. Il clair que personne n’ait pris des distances avec les références. Le montage n’arrange rien non plus, on essaye (tristement) de faire du Villeneuve ou du Nolan.
Au niveau de l’écriture, c’est insuffisant ! Que ce soit la structure narrative, les enjeux, les personnages, les rebondissements…, c’est simplement esquissé et jamais abouti. Il y a de nombreuses réécritures, et à mon avis, la gomme a fumé. Près de 12 ans d’écriture et plus de deux heures de film, pour ça ? Faut pas déconner !
La bande originale est à l’image de tout ce que j’ai pu dire, on tombe dans la fainéantise, ni plus, ni moins. Clint Mansell (Black Swan, Pi) rend une copie très pâle et oubliable. Son score est désopilant à souhait, sa musique ne donne jamais corps aux images.
La distribution fait ce qu'elle peut, et inspire à une réelle volonté de bien faire.
En résumé, Mute se plante littéralement ! On comprend le message personnel que Duncan Jones veut véhiculer, mais c’est d’un brouillon et d’un manque d’inspiration criant. Une désillusion que même le casting n’arrive pas à sauver.