Après 3pm Paradise qui n'a été diffusé que dans des festivals sans connaître de sortie DVD jusqu'à maintenant, Doctor K qui n'est franchement pas convaincant, Kwak Kyung Taek nous avait fourni Friend (Chingu), succès public et critique qui encore aujourd'hui est le film ayant fait le plus d'entrée en Corée avec plus de 8 millions de personnes ayant vu le film en 2001. Ce succès est amplement mérité, le film est porté par une interprétation sans faille et une réalisation virtuose ajouté à une bande son sublime. Un an plus tard en 2002 sort Champion qui lui est un film beaucoup plus intimiste, l'histoire vraie de la vie d'un boxeur coréen mort durant un combat de boxe au sommet. Là encore, la réalisation et l'interprétation sont magnifiques mais le public coréen ne suit pas et le film est un semi échecs au box office. Avec ces 2 films Kwak Kyung Taek s'est révélé être l'un des cinéaste des plus doués et des plus prometteurs de Corée. Il était donc normal que l'attente et les expectatives de la vision de Mutt Boy, son dernier film, soient importantes.
Le film raconte l'histoire de Cha Cheol-min sur 3 périodes de sa vie : l'enfance, l'adolescence et en tant que jeune adulte. Les parties sur l'enfance et l'adolescence sont là pour nous introduire le personnage. Sa mère étant morte très tôt lorsqu'il n'avait que 3 ans, Cheol-Min vit seul avec son père et étant souvent au commissariat, les collègues de son père se posent un peu tous comme une seconde famille, des oncles veillant sur lui. Dès son plus jeune âge Cheol-Min se voit donné le surnom de « Ddong gae » (Chien Errant), un terme d'argot coréen utilisé habituellement pour se référer à un chien errant dans les rues qui va manger à tous les râteliers. Durant tout le film, c'est ce qui va se passer, tel un chien errant sans ambition ni véritable but, il errera trouvant sur sa route des ennemis mais aussi des amis à qui il s'attachera.
Jung Woo-Sung, l'acteur jouant Cheol-Min, est vraiment très bon, son look ainsi que ses habitudes collent parfaitement au personnage, comme un chien errant, il est à la fois paresseux, touchant comme lorsqu'il demande une faveur à son père en gigotant dans tout les sens mais tout en pouvant devenir très agressif et violent comme on peut le voir lors des fights. Le film n'est pas vraiment tout à fait un drame ni une comédie, le ton oscille entre les deux tout au long du métrage. Alors que la première demi heure passée, l'ambiance est ancrée dans un moment dramatique très fort et émouvant servant de transition au passage de la vie d'adolescent à celui d'adulte, le film va reprendre sur un ton comique léger par la suite.
La réalisation est correcte et assez classique mais sans grands moments virtuose auquel Kwak Kyung Taek nous avait habitué dans ses deux films précédents. On retrouve tout de même son style dans certains passages comme celui de la poursuite en scooter sur fond musical, rituel initié dans Friend lors de la course effectuée entre les 4 amis pour se rendre au cinéma sur la musique de « Bad case of loving you » puis repris dans Champion lorsque Yoo Oh Sung court pour rattraper le bus sur la musique du générique de « Robot Taekwon ».
Au final, on passe tout de même un bon moment, le film se laisse voir agréablement grâce à une certaine légèreté dans le récit. Cependant, c'est vraiment dommage que le potentiel dramatique amorcée par la scène du chien à la demi heure de métrage n'est pas pousseé plus loin, on ne retrouve par la suite que des bribes, ce qui fait de Mutt Boy un film bien inférieur à ces 2 films précédents. L'échec de Champion au box office est peut être la raison de ce choix, on se souvient que John Woo avait été obligé de faire un choix similaire après les mauvais résultats d'Une Balle dans la Tête en tournant Once a Thief.