My Dinner with Hervé par Mots_Passants

Bien que Peter Dinklage ne ressemble pas à Hervé Villechaize, à commencer par le fait que Hervé Villechaize était atteint d'un nanisme hypophysaire, dit "harmonieux", à la différence de Peter Dinklage qui est atteint d’achondroplasie (caractérisée par un arrêt de la croissance des os en longueur) cette différence morphologique devient secondaire et on l’oublie tant Peter Dinklage offre une composition des plus honorables. Jamie Dorman qui interprète Danny Tate, le journaliste britannique qui lutte contre son penchant pour l’alcool (et se montre sobre depuis un an) interprète son personnage de manière fort juste.

Ce ”biopic” nous permet de découvrir (ou de mieux connaître) la vie de Hervé Villechaize par le biais de l’interview qu’il a accordée, comme une sorte de testament, agrémentée de différents flash-back.

L’ensemble est plutôt réussi bien que peut être un peu trop ”lisse” quand même. Ne nous en plaignons pas non plus car il n’était pas question, fort heureusement, d'entacher la mémoire de ce comédien en ne mettant en exergue que son côté sombre.

On retiendra que sa célébrité, surtout, fut pour lui une belle revanche. Il devient mondialement connu en incarnant au cinéma Tric-Trac dans ”L'Homme au pistolet d'or”, 9è film de la saga James Bond et encore plus médiatisé avec son rôle de Tattoo, dans la série TV L'Île fantastique de 1977 à 1983.

Elle lui permit d’oublier (un peu et temporairement aussi) son rapport guère attachant avec sa mère, laquelle avait honte de l'avoir mis au monde. Hervé Villechaize avouera lui même à propos d’elle qu’elle ne voyait en lui qu’un objet de cirque. Le retour d’affection de sa mère, ce n’est qu’à sa célébrité qu’il le devra.

Quant à son père, chirurgien, ce dernier l'emmenait aux quatre coins de la planète pour essayer (traitements divers et variés) de le faire grandir. Hervé Villechaize était en effet atteint d’une forme de nanisme rare. On devine à quel point il a dû souvent avoir l’impression de n’être rien d’autre qu’un cobaye.

Après avoir acquis une spectaculaire notoriété, il sera malheureusement pour lui renvoyé de la série qui fit sa ”gloire” (L’ile fantastique). 

Il fut mis en avant pour argumenter (et justifier) ce renvoi qu’il demandait à percevoir le même salaire que Ricardo Montalban. Cette demande fut jugée inacceptable par la production qui en a profité, surtout, pour le licencier, l’acteur devenant au fil des saisons de plus en plus ingérable : sautes d’humeur sur le plateau, engueulades fréquentes avec les producteurs, harcèlements sexuels, etc. etc. Comme certains qui l’ont connu et n'ont pas hésité à en dire qu'il était "un personnage borderline, déjanté et désespéré, obsédé par l’alcool et le sexe”.

"My Dinner with Hervé" dépeint surtout les effets pervers de la célébrité car si le désir de "notoriété" vient d'une volonté de revanche sociale, de quête affective et de réparation identitaire, ”au moindre revers funeste, le masque tombe ; l'homme reste et le héros s'évanouit” (Jean-Baptiste Rousseau).