Il est des films qui, au regard des thèmes abordés par celui-ci, se doivent être vu … Comme, l’est pour moi le dernier long métrage du réalisateur britannique Richard Eye, My lady, lui même adapté du poignant roman d’Ian McEwan The Childen Act…
Juge aux affaires familiales siégeant à la Haute Court de Justice de Londres, Fiona Maye, se doit tous les jours de prononcer des jugements le plus juste possible au regard de la loi, mais la contraignant parfois à aller à l’encontre de la volonté des parties. Les conséquences de telles décisions pouvant aller se révéler, en terme éthique voire morale, des plus controversées… Comme sa dernière affaire, celle d’Adam Henry, adolescent de 17 ans atteint de leucémie en stade terminal, et témoin de Jéhovah, qui avec le soutien de ses parents, refuse toute forme de transfusion sanguine, pourtant indispensable à sa guérison … Contre toute attente, la magistrate, décidera de se rendre au chevet du jeune homme … Une rencontre qui bouleversa à jamais le destin de la magistrate et du jeune homme à la recherche de nouveaux repères…
Intérêt de l’enfant, dignité humaine, liberté de conscience, droit de choisir … autant de libertés fondamentales que chacun doit pouvoir invoquer, mais qui dans les faits s’avèrent pourtant difficilement conciliables et vont constituer le casse-tête perpétuel de Fiona Maye, interprétée ici par la plus que magistrale Emma Thompson … Qu’on lui donne son deuxième oscar ! L’actrice britannique, démontrant une nouvelle fois toute l’étendue de son talent, a ayant pour moi, trouvé en Fiona Maye, un rôle de composition. Je ne voyais d’ailleurs personne d’autres pour interpréter cette magistrate, à la carrière sans faille et exemplaire, mais pourtant intimement vulnérable… Aveuglée, voire étouffée par son travail,
elle en oubliera même l’existence Jake, son époux, qui d’ailleurs presque pour se venger et sous forme d’ultimatum de vivra une relation extra conjugale au vu et au su de sa moitié …
Difficile pourtant de lui en vouloir … Bien que comprenant le dévouement du juge Maye pour son travail, il est vrai que parfois sa froideur comme son indifférence pouvaient indigner …
C’est certainement un sentiment d’incompréhension qu’a également du éprouver le jeune Adam devant le silence de Fiona, qu’il considérait pourtant être son nouveau modèle, sa raison de vivre. Ses lettres, poèmes, son nouvel amour pour les textes de Williams Yeats, comme sa passion trouvée pour la guitare
n’étaient en réalité que des appels de détresse adressés à Fiona…
Partagée entre une conscience professionnelle rigoriste - Adam Henry n’est qu’un dossier de plus sur sa pile, une affaire désormais classée- et une affection naissante cet l’adolescent à la maturité troublante, ce sera alors une lutte interne contre ses sentiments que Fiona ne cessera de mener … Sauver les apparences à tout prix aussi et surtout ne jamais manifester de quelconque signe de faiblesse …
L’histoire de My Lady, bien que clairement inspirée de faits bien réels - l’affaire des Témoins de Jéhovah ayant même conduit notre droit français à revoir sa législation - n’est pour moi pourtant qu’un prétexte… Car le vrai fond de ce drame, son essence même est avant tout la relation presque amoureuse, quasi incestueuse entre ce duo inespéré …
On leur souhaiterait une fin heureuse, même si dès le premier regard, la première note de musique entonnée, on la devinera triste et peut être injuste …
Lavis.epheme.re