" Je suis né d'un père musulman marocain et d'une mère juive d'origine tunisienne . Pour la communauté juive qui m'entourait , j'étais cet enfant un peu particulier , fruit d'un mariage pas accepté , jamais digéré . Au Maroc , j'étais le fils de la juive" . Avec ce début , toute la problématique du chef-d'oeuvre qu'est le documentaire du réalisateur marocain Nabil Ayouch qui se sert d'un élément autobiographique qui lui sert d'amorce , d'illustration , de préambule au conflit des cultures et leurs différentes perceptions de faits . My Land pose un regard sur ce qui s'est produit durant l'année 1948 , qui a été un événement parmi tant d'autres , déclencheur du conflit israélo-palestinien : l'arrivée du peuple juif sur les terres arabes , l'exode palestinien de cette année . Ce regard se fait ( et heureusement ) sans aucun manichéisme , sans prise de position : il n'y a pas à l'écran de méchants juifs israéliens et de gentils palestiniens ou l'inverse . La caméra de Nabil Ayouch prend la peine d'observer , de regarder , mais aussi d'écouter ces personnes de cultures , de religions différentes . Ce qui est intéressant dans ce magnifique documentaire parfaitement construit , c'est que la vision des choses , le point de vue et la parole des jeunes ( les jeunes qui sont censés représenter l'avenir et le futur ) est omniprésente et elle s'oppose dans certains cas à celle des Anciens ( le conflit et l'opposition des générations ) . L'incompréhension entre les personnes différentes ( témoins , réfugiés et leurs familles ) est parfaitement traduite , exposée et montrée , elle s'avère d'ailleurs souvent violente ( la réaction de Mohammad , petit-fils d'un vieux exilé palestinien , qui veut récupérer comme il le dit lui-même "sa terre" ou encore la vieille voisine qui habitait non loin de personnes juives qui estime qu' " on aurait dû les chasser ") mais rappelons-le une fois de plus , cette mésentente est représentée avec neutralité , sans le moindre jugement ou sans une once de critique : quand les jeunes israéliens prennent connaissance des témoignages de ces réfugiés , ce n'est ni pour leur faire de reproches ni pour les faire culpabiliser ( au contraire ! ) . Et de là , vient l'honnêteté , la sincérité et l'authenticité du portrait , de l'observation et du regard d'Ayouch . Magnifique et poignant .