My little princess me laisse une impression d'inachevé, d'inabouti. Finalement, Eva Ionesco passe plus de temps à nous montrer cette gamine et sa constante mise en représentation érotique, qu'à nous faire sentir les vrais impacts psychologiques.
Le côté très réussi du film c'est qu'on retrouve l'univers d'Irina Ionesco, l'ambiance de ses œuvres, et leur force pleine d'ambiguité. Mais là où c'est troublant, et peut-être raté (?), c'est que le film est censé dénoncé cet art, dénoncé l'égoïsme artistique de la mère, cette dénonciation a peu de poids et d'intensité. Du coup, également, montrer ces clichés, ces postures, ces mises en scène érotique de l'enfant, et les trouver intéressantes, belles, alors que le film veut les mettre en avant comme chiqué, provocation gratuite et fumisterie, met le spectateur dans une situation pas très claire.
Peut-être est-ce voulu, cette ambiguïté. Peut-être est-ce dû au manque de distance qu'Eva Ionesco arrive à prendre avec son propre film/sujet.
Du coup, on ne dépasse pas tellement les clichés et l'anecdotique.
Et les scènes les plus marquantes, les plus belles, sont celles qui ont nourri l'œuvre d'Irina Ionesco : les troublants moments entre le dandy gothique et l'enfant, leur désir morbide et interdit, chaste en extérieur mais brûlant de l'intérieur.
La supériorité malsaine de la gamine qui joue de sa séduction sur de vieux gars libidineux.
L'univers de la mère, son appartement, ses tenues, sa prestance : tout en dégage une beauté, une fragilité et une excentricité macabre.
Les moments de confrontation avec la grand-mère sont vraiment très intéressants, par contre, pour dénoncer la dérive, et bien plus fort que les instants de rébellion de l'enfant, qui ressemble à des caprices, alors qu'ils devraient révéler un vrai traumatisme.
Bref, un film pas très bien réussi mais qui recèle d'idées. Il est toujours compliqué au final de faire jouer un enfant dans un rôle où, justement, il doit dénoncer l'utilisation de son image, et l'exploitation de sa jeunesse dans un monde d'adulte, alors que c'est exactement ce qui est fait pour parvenir à cette dénonciation.
Et toujours compliqué de donner de l'épaisseur psychologique à un jeu d'enfant.
Heureusement, les acteurs sont tous très bons, et évitent la surenchère. Et tout le film reste juste là où il faut pour ne pas mettre le spectateur trop mal à l'aise ni trop voyeur.
Peut-être que c'est cet entre deux qui fait perdre de sa force au film ?