My Skinny Sister est un film réalisé et écrit par Sanna Lenken. Elle nous offre avec ce film son tout premier long métrage, qui suit un précédent court dans lequel elle abordait déjà le thème de l’anorexie. En effet, My Skinny Sister raconte l’histoire de Stella, une jeune fille de 12 ans rondelette qui voudrait ressembler à sa sœur Katja, jeune adulte qui se dirige vers le patinage artistique professionnel. Rapidement, Stella va se rendre compte que sa sœur ne mange plus que très peu, qu’elle est obsédée par son entraînement et qu’elle devient facilement irritable. Va alors commencer un cercle vicieux, dans lequel Katja va menacer sa petite sœur de dévoiler son « terrible » secret (elle aime l’entraîneur d’une trentaine d’années de Katja) si elle parle de son anorexie à ses parents.
Le message est clair. Sanna Lenken nous raconte ici les difficultés qu’accompagnent l’arrivée de l’anorexie dans une famille, et plus particulièrement dans la relation entre deux sœurs, qui évolue constamment durant le film. Cette relation est très bien construite tout au long du film, notamment « grâce » au fait que la réalisatrice Sanna Lenken a elle-même été anorexique durant son adolescence. Elle raconte que certaines scènes ont été inspirées de situations vécues, notamment celle dans laquelle Stella dit qu’elle a peur de la mort de sa sœur. Cette connaissance de cette maladie apporte tristement beaucoup au film et à la façon dont il en parle. Il évite les clichés, nous montre parfois des facettes inconnues de la maladie, et nous choque. Il nous choque car il ne passe pas par quatre chemins. Comme dit plus tôt, la relation entre les sœurs est au cœur du film, ce qui insiste sur une autre dimension de l’anorexie. On se rend rapidement compte que les parents, en plus d’être peu présents et souvent en train de se disputer, font tout simplement le choix de ne pas voir la maladie de leur fille.
Les plans qui composent le film sont tous très propres, on se sent en tant que spectateur très proche des personnages, le son nous le rappelle avec des bruits de bouche parfois très prononcés, qui nous place nous-mêmes dans une sorte de situation de dégoût face à la nourriture. Les couleurs sont aussi très belles, l’ensemble du cadre est très soigné, et on plonge dans cette ambiance propre aux films scandinaves, avec parfois des couleurs plutôt froides (dans la patinoire) et d’autres fois avec des couleurs bien plus chaudes (dans le restaurant).
Les deux actrices, Rebecka Josephson dans le rôle de Stella et Amy Deasismont dans le rôle de Katja, sont toutes les deux excellentes, et portent le message du film avec brio, grâce à un jeu d’actrice parfaitement maîtrisé malgré le fait qu’elles jouent ici pour la première fois.
Finalement, en plus d’être un film très bien réalisé, My Skinny Sister permet de nous sensibiliser à une maladie souvent trop méconnue, voire parfois tout simplement ignorée. Sanna Lenken nous offre un film fort, parfois choquant, mais toujours dans un unique but : raconter une histoire qui sensibilise le spectateur.