La confusion des sentiments
A partir d'un fait réel constaté au XIXe siècle : l'histoire de l'hermaphrodite Herculine Barbin, le cinéaste réussit une adaptation qui a durablement semé le trouble chez la jeune ado que j'étais.
Vu en effet au moment où je découvrais la sensualité multiforme, ce film qui ne montre rien mais suggère tout, où le pouvoir de l'imagination supplée au manque d'images, m'a procuré la plus troublante des expériences érotiques tant le désir y est incandescent et porté à son paroxysme, exacerbé aussi par l'interdit qui l'entoure.
Alexina, sage jeune fille de 21 ans jusqu'alors pieuse institutrice, saisie semble-t-il d'une bouffée délirante, se met à brûler d'amour et de désir pour la jolie Sara, une collègue dont elle entrevoit un soir la silhouette pulpeuse et dénudée se détachant en ombre chinoise sur le mur.
Un tsunami des sens, véritable délire de la chair s'abat sur elle, impérieux, exigeant et dévastateur, faisant éclater une évidence : Alexina est en réalité un homme devenue le jeune Camille, et la morale au moins est sauve.
Un film sur l'identité sexuelle qui traite remarquablement de la sexualité dans ce qu'elle a de plus ambivalent et de plus intense, l'un des plus évocateurs que j'aie pu voir, l'art de la suggestion érotique servi par le couple Vuillemin/Stroh dans une alchimie sensuelle qui embrase littéralement l'écran.