Hate Bush
Mistery Road commence comme Memories of Murder : une route, un bas-côté, une découverte macabre dans la lenteur et le silence ; et sa suite, quoique bien plus conventionnelle, nous emmène elle aussi...
le 9 août 2017
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Mistery Road commence comme Memories of Murder : une route, un bas-côté, une découverte macabre dans la lenteur et le silence ; et sa suite, quoique bien plus conventionnelle, nous emmène elle aussi dans des territoires éloignés, ici le Bush australien. Wake in Fright nous avait déjà prévenus : sur ces territoires arides, sans nuages, sans pluie, sans vent, on trouve peu de place pour la solidarité et la tendresse.
C’est là, sans doute, l’objectif premier du récit : l’immersion dans une communauté désespérée, dans laquelle la météo intérieure ne trouve ses variantes qu’à l’aide de paradis artificiels. Le personnage principal, un flic indigène, brille surtout par sa solitude : bienvenu nulle part, aidé par personne, il met comme de bien entendu son nez là où il ne faut pas, et se retrouve vivement encouragé à rejoindre la cohorte des soumis silencieux.
Cette ambiance pesante, soulignée par l’oisiveté générale des dépressifs ou des cyniques qui l’entourent est la majeure réussite du film. Pratiquement dénue de musique, à l’exception d’une transition récurrente, qui filme en surplomb des déplacements de voiture, plan général emprisonnant le protagoniste dans un réseau arachnéen qu’il maitrise mal (on pense beaucoup au même procédé employé par Alberto Rodríguez dans La Isla Minima), la rythmique est atone, et rive le personnage à une médiocrité qui s’illustre dans sa vie privée, reflet symbolique du sort des individus dans ces contrées : femme et fille abandonnée, misère et tentation des voies les pires pour subsister.
… il faudra donc saluer toute l’épaisseur de ce milieu, et la présence assez convaincante des personnages secondaires (dont un Hugo Weaving assez réjouissant, qui prouve, après Matrix, qu’il sait jouer des rôles d’être humain) sans en demander trop en termes d’intrigue et d’enquête policière. On est loin de James Ellroy, et toute la dynamique indices/fausses pistes/ramifications est on ne peut plus convenue.
La scène finale de fusillade respecte la tonalité sèche et brute de l’ensemble, par un travail sur l’espace assez singulier, permettant de voir de toute part les balles fuser et le décalage entre la détonation et l’impact ménager une part de suspense morbide, voire presque grotesque ; mais la manière de résoudre toutes les questions en un pot-pourri de coïncidences est au mieux d’une grande maladresse, au pire carrément négligeant au vu de la qualité de l’ensemble. Ces défauts d’écriture empêchent à Mystery Road d’être un grand film : il n’en reste pas moins digne d’intérêt, et surtout prometteur pour son réalisateur Ivan Sen. Goldstone, qui ne semble pas avoir trouvé de distributeur en France, reprend en effet le même personnage pour une nouvelle enquête…
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Créée
le 9 août 2017
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