Mon penchant pour les spécificités folkloriques m'a orienté il y a des années sur un article traitant notamment des Leyaks, des créatures surnaturelles balinaises on ne peut plus badass.
En gros imaginez des têtes se déplaçant dans les airs en trimballant leurs entrailles pour aller sucer le sang de fœtus et autres joyeusetés. Alors vous comprendrez mon intérêt lorsque j'ai découvert qu'un film que certains qualifient de " cult classic " s'appuyait sur cette légende.
Mystics in Bali est une adaptation du roman Leák Ngakak de Putra Mada réalisée au début des 80s alors que le gouvernement Indonésien encourageait la production de longs métrages dans le but de capitaliser sur la demande alors grandissante du marché international.
Nous avons donc un produit puisant dans une culture tout en étant formaté pour en séduire d'autres radicalement différentes, nous proposant un rendu pour le moins intriguant.
Les dialogues d'exposition seront loin de suffire pour que le spectateur extérieur à Bali puisse suivre le récit sans être plaisamment désorienté, malgré la grande simplicité de l'intrigue.
Cathy Kean est une autrice américaine (jouée par une touriste allemande qui passait par là) qui prépare un ouvrage sur la magie noire. Elle rencontre une sorcière qui sort d'un film de Sam Raimi (dans le folklore il s'agit de Rangda, un démon avatar du Mal qui mène une armée de sorcières contre les forces du Bien) et devient sa disciple à des fins professionnelles. Vite dépassée, notre protagoniste sera aidée par son amant Mahendra, joué par le sosie indonésien de John Carpenter.
La lutte primordiale des ténèbres et de la lumière.
Malgré un tout petit budget, le film reste fun grâce à ses effets spéciaux gores, outranciers et farfelus pour le profane et surtout grâce au personnage de Rangda, dont le rire enrobera le cœur de n'importe qui d'une douce tiédeur.
Notons que le montage accentue grandement notre perte de repères tant on le croirait fait à la serpette.
On assiste à une escalade fantastique qui culminera dans un duel entre Rangda et Barong (un avatar du bien qui ne nous est pas vraiment présenté, me semble-t'il) qui préfigure celui de Lo Pan et de Egg Shen (avec un peu moins de panache).
Si la jeune occidentale nous était présentée comme la protagoniste, elle ne saura être sauvée et les rênes seront transférés au personnage de Mahendra qui pense que c'est dommage mais la vie continue.
L'écran de fin surgit comme un diable hors de sa boîte.