Ricky Gervais est un drôle d'animal, et même si son grand triomphe fut la géniale série "The Office" (version GB, bien sûr), il jouit toujours d'un capital de crédibilité inentamé. "The Invention of Lying" le voit nous pondre un scénario insensé, archi-conceptuel, qui dynamite nombre de conventions du cinéma "hollywoodien", et à défaut d'être hilarant (le film est même largement sinistre dans sa description d'un monde rendu littéralement stérile dans son impuissance à mentir, donc à fictionner), nous bluffer par l'ambition des thèmes qu'il brasse : ni plus ni moins que la constatation de la méchanceté fondamentale de la nature humaine, l'inutilité totale de Dieu (...comme de la foi), et au final, pour revenir sur son territoire propre, l'aspect littéralement rédempteur de la fiction et de l'humour. Alors, il s'embrouille un peu les pédales au milieu de toutes ses idées, oublie qu'un vrai film demande plus que l'accumulation de caméos d'acteurs amis, et surtout rate un dernier virage vers la comédie sentimentale classique. Mais on ne lui en voudra pas, parce qu'un tel film ne se rencontre pas tous les jours. [Critique écrite en 2010]