Pepsi: parce qu'il n'y avait plus de coca
The invention of lying est un film qui, comme tout le monde l'a déjà dit, part d'une bonne idée mais qui comporte de nombreux défauts et ce à différents niveaux. Je connais Ricky Gervais pour son travail sur scène, Extra, Life's too short et le remake américain de The Office.
La première erreur du film, à mon avis, est de ne pas avoir convenablement délimité la notion de mensonge/vérité. En effet, à plusieurs reprises on constate que ne pas mentir implique , en fait, de devoir dire la vérité la plus blessante qui soit dès que possible, comme si se taire était l'équivalent d'un mensonge. Pire, dans cet univers, il semblerait que la simple idée de faire une erreur n'existe pas. Donc non seulement les gens disent la vérité mais en plus ils ne se trompent jamais. Bref, ça déborde dans tous les sens.
La bonne surprise du film a été d'assimiler le mensonge à la religion (le plus gros canular pour un athée). Malheureusement, comme pour tout le reste d'ailleurs, le scénariste reste trop superficiel dans sa démarche; on ne retrouve pas le ton désinvolte de Ricky présent dans ses sketches ou encore ses sitcoms, tout semble finalement peu inspiré, pire, peu pertinent, et c'est avec une prévisibilité décevante que le spectateur verra venir la petite morale facile de fin de film.
Question gag, je ferai le même reproche que pour les sitcoms: l'auteur se contente d'une ou deux blagues qu'il relance non stop durant tout le film ("gros du ventre et court de nez"). L'idée de se moquer des personnages peut être sympa, mais ça manque de mise en scène, d'originalité, de contexte différent; surtout que finalement on constatera que Ricky ne fait que servir une énième fois sa liste de sketches déjà présente dans chacun de ses projets.
La mise en scène, si elle est claire et sobre, souffre cruellement de rythme; il est important de poser la caméra pour des moments de tension; ainsi une résolution de conflits (d'ailleurs les conflits sont à peine existents dans ce monde, contrairement à ce que le pitch aurait pu laisser croire) ne doit pas se terminer en deux secondes, le monteur ne doit pas enchaîner deux scènes sans un apaisement entre deux... c'est ce qu'il se passe ici; la conséquence est que, non seulement les conflits paraissent plats, mais en plus leurs résolutions passent quasi inaperçues.
Bref, Mytho man ne m'a pas trop ennuyé, assez étrangement, et qui m'a même fait rire plusieurs fois, mais le film comporte énormément de défaut tant de scénario (pas d'objectif, le film semble faire du sur place), que de mise en scène. Certains se réjouiront peut être du nombre élevé de caméos; personnellement, ça m'a juste donné l'impression de regarder une sitcom made in Gervais, qui mise plus sur la guest star et son autodérision qu'un bon dialogue.
PS: à noter aussi que la dernière pub Pepsi prétendant que le produit pourra être consommé dans l'after life est un mensonge publicitaire qui entre en conflit avec l'idée que personne d'autre que le héros ne sait mentir dans cet étrange univers, preuve flagrante que le scénariste n'a pas sufisamment bien pensé son concept, préférant ainsi ses boutades à un peu de rigueur dramaturgique.