N'oublie jamais fait appel à toutes les composantes classiques de la romance dramatique. Il y a cette folie, ces déconvenues, cette confrontation entre présent et passé, une nostalgie émouvante... Le film de Nick Cassavetes est loin d'être le premier et le dernier à suivre ce schéma pour appeler les émotions du spectateur à s'exprimer. Mais quand c'est bien fait, on fait fi de ce qui semble être prévisible, et on se laisse submerger par ces mêmes émotions.
Le titre français, N'oublie jamais, est évocateur. Tout le film est habité par un manque omniprésent, le manque de l'autre, les regrets du passé, les tumultes du présent, et l'appréhension du futur. En partant d'une amourette d'été enivrante et furieuse, le film peut ensuite capitaliser dessus pour développer ses principales thématiques. Il y a, tout d'abord, cette éternelle confrontation entre les choix de cœur et les choix de raison.
D'un côté, il y a ce que l'on cherche et ce que l'on désire en tant qu'êtres humains, ce que nous poursuivons en étant guidés par notre instinct. De l'autre, nous avons ce que nous suivons en étant rationnels, en nous conformant aux schémas de la société, pour nous assurer de mener une vie tranquille et sans problèmes.
N'oublie jamais traite également de l'importance du passé dans nos vies, du fait que même si l'on peut voir devant nous, ce qui est derrière nous a construits et nous suivra toujours, et quand le passé s'efface, nous nous effaçons avec.
C'est probablement sur ce point que le film de Nick Cassavetes marche le mieux. Bien sûr, l'idylle entre Allie et Noah est magnifiquement retranscrite à l'écran à travers la merveilleuse alchimie entre Ryan Gosling et Rachel McAdams, qui semblent totalement épris l'un de l'autre dans cette romance passionnée. Cependant, c'est bien avec les images du présent, avec deux personnes âgées dont on devine rapidement l'identité, que le film arrive à faire ressentir toute sa puissance. La mémoire est l'un de nos outils les plus précieux, celui qui nous permet de garder nos souvenirs et de nous construire. Rien n'est pire que perdre la mémoire, et si le film se déroule de manière assez classique, l'épilogue, qui s'étale sur les vingt dernières minutes environ, est absolument déchirant et nous met une véritable claque.
Inutile d'en dire plus. L'idéal est de découvrir ce film vous-mêmes pour en profiter. Encore une fois, N'oublie jamais ne bouleverse pas forcément les codes du genre et s'avère très classique en de nombreux points. Mais il bénéficie largement de la prestation de ses acteurs, notamment du couple principal, et de son épilogue. Je me permets aussi de lancer une petite pique à celles et ceux qui blâment injustement Ryan Gosling de ne pas savoir jouer, et les invite à voir ce film pour reconsidérer leur avis. En tout cas, préparez vos mouchoirs.