Le décor se plante en 1985 à Compton, banlieue malfamée de Los Angeles. On y retrouve Eric Wright, dealer notoire du quartier, Andre Young, DJ dans une boite de nuit pour 50$, et O’Shea Jackson, grattant des rimes dans le bus qui le ramène de l’école. Personne ne pourrait penser que ces jeunes au profil sans avenir, qui évoluent dans un quartier où rixes entre gangs et violences policières sont coutumières, allaient devenir des figures incontournables du gansta rap, plus connues sous les noms d’Eazy-E, Dr. Dre et Ice Cube. Très vite, ils forment le groupe N.W.A et sortent leur premier album « Straight Outta Compton » qui va devenir un classique de l’histoire du hip-hop. Crus et réalistes, ils touchent les jeunes issus du même milieu et fédèrent leurs troupes autour de morceaux tel que le fameux « Fuck Tha Police » qui leur vaudra une assignation du FBI. Malgré les interdictions de radios, les concerts que les autorités veulent censurer, la mauvaise critique des médias conservateurs et les soucis avec la justice, le succès est fulgurant. Pourtant, Ice Cube et Dr. Dre partiront deux ans plus tard pour réussir de leurs côtés. Entre histoire de fric, clashes, coups de pression et violences qui signent la fin de N.W.A, on retrouve aussi de l’émotion et de l’esprit de fraternité lorsqu’Eazy-E est atteint du sida, ce qui rapprochera les ex-membres du groupe. Une belle mise en scène, de belles images, des coups de sang, de l’émotion, de l’humour, c’est sans nul doute la recette du succès grandissant du film. La B.O signée Dr. Dre, l’ambiance rap des 90’s et le « Cruisin down the street in my 64 », premières notes du premier succès du groupe, raviront les puristes du genre mais plairont aussi certainement aux néophytes. En revanche, il faut noter que l’histoire a quelque peu été édulcorée. Les deux stars du rap, pour l’un producteur du film et mettant en scène son fils (O’Shea Jackson JR), pour l’autre auteur de la B.O, avaient certainement des intérêts à défendre en passant sous silence certains aspects de l’histoire peu rutilants.
En effet, le film se garde bien d’évoquer les relations houleuses entre Dr. Dre et ses petites amies, les huit enfants engendrés par Eazy-E lors de ses orgies, ou encore le fait que seul DJ Yella était présent à l’enterrement d’Eazy-E. Le film n’est pas pour autant un conte de fée et relate bien du succès phénoménal des trois stars, de Compton à Hollywood.