Nahuel and the Magic Book
5.9
Nahuel and the Magic Book

Long-métrage d'animation de Germán Acuña (2020)

Il serait peu dire que j'attendais ce film, dont les échos étaient unanimement bon quoi qu'inégaux, et qui semblait avoir totalement disparu des radars depuis sa présentation en compétition au festival numérique d'Annecy 2020. Outre qu'en France, c'est un film qui s'est fait attendre mondialement, qui a généré des véritables enquêtes pour trouver un moyen de voir le film, et cela en devenait de plus en plus frustrant quand on se dit que le prochain film du réalisateur a déjà été annoncé avant que Nahuel and the Magic book ait une date de sorti. Même les visuels pouvaient mettre le doute car, selon les interviews (j'ai mis en fiche la critique de Noémie Luciani réalisé pour Sens Critique, elle va être importante pour la suite de la critique) et les distributeurs, on pouvait ne pas avoir les mêmes images, ce qui pouvait nous faire attendre un tout autre film. Il aura fallu un miracle en 2022 pour que ce film, sans aucune annonce, se retrouve dans le catalogue Disney+ Latin America.


Le film sait être très beau dans sa réalisation et dans son univers. On pourrait croire que le film pèche d'avantage sur ses graphismes 2D qui rappellent un travail que peut avoir le studio Ankama en France (où l'on peut avoir des inégalités dans certains de ces films), mais le film sait être assez harmonieux pour ne pas souffrir de certains manques visuellement parlant. On a une démarche presque naturaliste dans son premier tiers où l'on a presque aucune musique, et où l'on suit le personnage principal dans un quotidien assez cru et réaliste dans un village côtier. Le tout est souligné avec des musiques magnifiques qui font voyager à coup de notes à l'accordéon (c'est un peu facile de m'avoir avec de l'accordéon, même les plus gros échecs arrivent à m'avoir au moins le temps d'une scène). Par moment on a presque l'impression de voir le film comme une déambulation à la Little Nightmares, dans sa manière de faire découvrir le monde à travers le parcours d'un personnage, ou même dans sa manière d'amener le récit (on y reviendra un peu plus tard). Tout ceci vient au service d'un récit très pudique et poétique autour de la quête d'un fils qui va vouloir retrouver l'amour de son père au fil d'épreuve, et on est vraiment face à une proposition qui est très intéressante sur le papier. Avec cela on pourrait presque adorer le film, mais le principal soucis du film est que tout ce que je viens de décrire peut résumer l'entièreté des propositions du film.


Il est difficile de prendre du recul sur un film extrêmement attendu que l'on voit quasiment quatre ans après la création du film. Inévitablement, il y a une grosse part de déception car l'image fantasmé du film est confronté à la réalité, et que parfois la réalité n'est pas aussi riche que ce qu'on pourrait s'attendre. Il y a bien le dernier quart du film qui redynamise l'ensemble, entre Professeur Layton et Resident Evil, le tout avec une fin vraiment belle et élégante, mais force est de constaté qu'avant de voir cela, il nous aura fallu passer 30 longues minutes (minimum) qui ne sont pas toujours bien faites. La faute à une écriture assez simple et enfantine qui tombe trop souvent dans le grossier, à coup de personnages mystérieux qui cachent à moitié leurs visages dans un bar façon Aragorn (littéralement), ou encore à travers un méchant trop caricatural qui n'a aucune bonne raison d'être méchant à part pour le simple fait d'être diabolique. Mais plus que l'écriture et la trame narrative qui n'arrive jamais à capter l'attention (sauf à partir d'une scène d'exorcisme et de visions sur un ponton où l'on commence à retrouver une forme d'originalité et de dynamisme), c'est l'exécution qui est vraiment maladroite, pour ne pas dire bâclé. Le plus gros point noir à ce niveau là reste le son et l'habillage sonore. Il n'est pas tant question de parler du travail de la musique qui est globalement très bon (quoi qu'inégal), mais bel et bien de l'habillage son, que ce soit du mixage son, de certains bruitages, ainsi que la manière dont le film créer (ou pas) un univers sonore propre à son film. On peut compter sur les doigts d'une main les scènes avec un travail du son où il n'y a pas un problème sur le mixage, ou où les bruitages sont absents (ou mauvais). Plus de la moitié du film se retrouve à être pénalisé d'un travaille du son qui nous fait sortir du film. Lors d'une scène de combat, pour donner un exemple, les explosions et les coups n'ont aucun impact car leurs son sont mal mixés par rapport à la musique. Dans un autre registre, l'animation souffre du manque de budget et de moyens pour être uniforme et harmonieux continuellement, même si le réalisateur trouve certaines ruses pour le cacher partiellement. Mais plus qu'être parfois inégale, l'animation donne au film des airs de shonen, renforcé par certains aspect du scénario, absolument mal venu. Le plus frustrant ne se révèle pas tant être le film qu'on a, mais plutôt le film qu'on aurait pu avoir.


Je mentionnais en introduction une critique du film par Noémie Luciani, réalisé dans le cadre de la couverture du Festival d'Annecy par Sens Critique. Je ne reprocherais rien à l'intervention de Noémie Luciani et son avis sur le film (très bon par ailleurs), ni même à Sens Critique d'avoir utilisé le matériel dont ils avaient en leur disposition pour réaliser cette pastille (très bonne et efficace d'ailleurs). Durant cette analyse, on a des images de ce qu'on pourrait penser être le film, mais qui ne sont pas ceux du film finale. Faute de reprocher à Sens Critique quoi que ce soit, il est intéressant que le monteur de la vidéo ait trouvé une version alternative du film, car celle-ci révèle les possibilités plastique et esthétique du récit. L'animation et le dessin y ont l'air beaucoup plus prenant, beaucoup plus singulier et intéressant que le résultat que l'on a. Sans forcément dire que le film aurait été forcément meilleur avec cette aspect, ces images montrent une alternative possible, et souligne à quel point le film aurait pu être plus abouti. On n'est pas forcément face à un mauvais film, quoi qu'assez maladroit et long pour pas grand chose, mais les possibilités manqués sont beaucoup trop visibles pour que l'on prenne pleinement plaisir face à Nahuel and the Magic Book.


11/20


N’hésitez pas à partager votre avis et le défendre, qu'il soit objectif ou non. De mon côté, je le respecterai s'il est en désaccord avec le miens, mais je le respecterai encore plus si vous, de votre côté, vous respectez mon avis.

Youdidi
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le 31 déc. 2023

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