Ce qui fait froid dans le dos ici, c’est surtout la rigidité des codes de classe et la rapidité qu’ont les dominants à les maintenir. "Nikyatu Jusu" fait preuve de finesse dans sa peinture réaliste des microagressions racistes et classistes dont est victime son héroïne. Voilà le véritable monstre. La première rencontre entre Aisha et sa patronne parvient ainsi à transformer une politesse de façade en source de tension. Cette dernière aurait suffi à porter tout le film, or Aisha continue à avoir peur…mais de quoi ?
Quand le film finit par nous répondre, on commence à lentement comprendre. Nanny utilise des métaphores intéressantes. Quand l’un des personnages vante les vertus du chaos créatif pour se libérer du carcan de l’ordre établi, on se demande pourquoi la réalisatrice n’a pas suivi son propre conseil et opté pour une forme plus adaptée à la pertinence de son propos. La mise en scène de "Nanny" est un film élégant notamment dans son usage des couleurs. Quant à l’actrice "Anna Diop", elle tire avec succès son épingle du jeu.