Us, coutumes et courtoisie...

Une Oeuvre considérable dont l'importance historique doit impérativement être prise en compte pour en apprécier la portée. Résultat des explorations successives de Robert Flaherty s'étant déroulées entre 1910 et 1919 au coeur d'une communauté esquimaude du Grand Nord Canadien Nanook of the North est le fer de lance probable du cinéma-vérité qui sera institué par Jean Rouch quarante années plus tard, objet filmique inaugurant tout un pan du documentaire ethnographique et anthropologique.

Souvent considéré comme le premier documentaire de long métrage de l'Histoire du Septième Art Nanook of the North retranscrit scrupuleusement le quotidien courtois et prosaïque de Nanouk et de ses proches : traversée de l'Arctique en kayak, scènes de repas à base de graisse de phoques dépecés, combustion de mousse desséchée, construction méthodique d'igloos, moments de retrouvailles et de promiscuité chaleureuse... Flaherty a bel et bien suivi à la trace cette tribu inuite à la simplicité salutaire, au mode de vie visiblement fondé sur la nécessité et l'adaptation aux contraintes élémentaires.

Si l'objet dont il est ici question ne captive pas toujours sur la durée, reste parfois ennuyeux car redondant et filmé de manière souvent très voire trop fonctionnelle sa dimension ethnographique invite à la plus élégante des humilités. Le réalisateur ne s'écarte jamais de son Sujet, faisant corps avec son entreprise documentaire pour mieux noyer sa caméra dans le réel représenté. En passant outre le caractère anodin du regard qu'il porte sur Nanouk et les siens Flaherty livre un manifeste du genre, à voir surtout pour sa valeur anthropologique et mémorielle : un film édifiant.