Je prendrai un café crème au petit-déj', Nanouk... Comment ça, du morse congelé ?

Nanouk est un film court, pionner dans le genre documentaire, qui dépote. Le but de Flaherty était de montrer au grand public la vie des Inuits en impliquant ces derniers dans la fabrication du film. Pari réussi. Nos yeux sont comme des billes devant certaines scènes, des milliards de questions se posent (mais où font-ils leurs besoins la nuit ? Y'a-t-il du réseau ?)

Les intégristes du documentaire asséneront qu'il y a quelques manipulations. On s'en fout, c'est d'abord du cinéma, un objet filmique qui cherche à nous transmettre des émotions, à montrer dans des raccourcis saisissants la rudesse d'une vie dans un milieu extrême, et à démontrer s'il le fallait encore la monstrueuse capacité d'adaptation de l'homme.

Autre signe que le film entre dans la légende, Nanouk l'Esquimau s'entoure d'un brouillard de rumeurs : Nanouk serait mort avec toutes sa famille deux ans après la diffusion du film dans une tempête de neige, Nanouk vit dans une résidence surveillé avec Elvis Presley et Mickaël Jackson, il bute en vrai le morse dans le film (alors que tout le monde sait que c'est impossible, la SPA veille.)

Notons que du point de vue formelle, le montage est particulier, Flaherty coupe avant la fin de l'action, comme en apnée, avec des transitions cinglantes. L'air pédant, on pense de façon anachronique aux premiers films de la Nouvelle Vague.