Angle mort
Il en est des personnages historiques comme des pièces de théâtre patrimoniales : à chaque fois qu’un metteur en scène s’y attaque, il se doit de livrer sa lecture, et prend soin, avec plus ou moins...
le 26 nov. 2023
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J'étais pas allé au cinéma depuis longtemps. J'avais pas vu ma famille depuis très longtemps. Le moment humain est rare et agréable, flottants tous, on se berce les uns les autres dans une série de choses superficielles. Chacun grignote ses sucreries soigneusement sélectionnées à l'entrée. Cette soirée c'est grâce à mon oncle si gentil qui nous invite partout. Il est fan de Napoléon. On entre il y a plein de gens dans la salle. Les places sont réservées, on s'installe bien au milieu. Les publicités ont déjà commencé, elles sont extraordinaires. Je pense, elles défendent toutes une forme profonde et simple d'humanité contemporaine mais toujours pour détourner ce que nous sommes en profit. Peu importe la forme poétique qu'elles ont choisi de défendre, il faut qu'elle rassurent fondamentalement sur la viabilité du principe de consommation. A mon avis les faiseurs de pubs sont de vrais enlumineurs du moyen-age, anonymes ils créent leurs merveilles en marge du livre, au service de dieu et de son principe éternel. Le film commence, c'est tout de suite une horreur. J'aime cependant entendre la carmagnole remastérisée. Très rapidement je me dis que tout ça est bizarre. Une foule de gens payent pour manger et regarder ensemble les projections fantasmées -d'un octogénaire avide de gloire et employé de multinationales- de la vie d'un général consul empereur mort depuis 200 ans. Le carton de fin précise : 3 millions de morts à cause de Napoléon. Moi je compte une centaine de spectateurs autour de moi, 11 euros par tête. Je pense "l'occident adule ses sauveurs et se délecte de leurs échecs meurtriers". Rildley et ses boss nous le propose à la vente, et on se repait de cet amour et de son double barbare, de la mort filmée comme une réussite, on paye pour regarder ça ensemble, manger, se remplir la tête des mêmes images. C'est une horreur familiale et pourtant comme dans le film la beauté des sentiments que nous partageons ensemble lui est dû (à cette horreur). Ce n'est pas du tout une tragédie, "dans le châtiment aussi il y a tant de fête"! On s'est retrouvé pour lui, on a partagé un moment fugace de nos vies devant cette merde et ça valait le coup. J'ai senti l'émotion monter aux mouvements de foules d'Austerlitz, aux "vive la france" de Waterloo, les groupes humains ça prend aux tripes... mais là fallait pas déconner j'allais pas pleurer quand même.
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le 27 nov. 2023
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