Angle mort
Il en est des personnages historiques comme des pièces de théâtre patrimoniales : à chaque fois qu’un metteur en scène s’y attaque, il se doit de livrer sa lecture, et prend soin, avec plus ou moins...
le 26 nov. 2023
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Première scène, Marie-Antoinette est guillotinée, gros plan sur sa tête décapitée et la foule qui exulte sur fond de "Ah ! ça ira" chantée avec une voix à la Edith Piaf. Le ton est donné, et le reste du film va reprendre ce format de scènes très courtes et caricaturales, qui se concluent toujours avec un élément soit tapageur, incongru, burlesque, (soi-disant) drôle, ou choquant. Il faut toujours qu'il y ait quelque chose. Ridley Scott ne pouvait pas filmer Napoléon en Egypte simplement, il faut qu'il éclate une pyramide au canon. Il ne pouvait pas se recueillir dignement devant son cheval tombé au combat, il faut qu'il lui enfonce son bras jusqu'au coude dans le poitrail au milieu des viscères gluantes. Joséphine ne pouvait pas le séduire normalement, sans lui montrer sa chatte au premier rendez-vous. Ils ne pouvaient pas coucher ensemble sans que Napoléon la bourrique grotesquement à cadence lapinesque. Etc, etc, etc. Chaque scène se sent obligée de livrer un message, de faire une punchline, d'avoir une chute ou un détail tonitruant. Mais ces effets de manche lassent rapidement. Et cela donne à l'ensemble des allures brouillonnes et clownesques, qui nuisent sérieusement à la crédibilité du film. Ce fût mon cas : j'ai eu grand peine à croire au film et y voir autre chose qu'une parodie d'Histoire, tantôt facile, tantôt vulgaire.
Notez que je ne parle pas de véracité historique, que de cinématographie, et autre point d'ailleurs : le rythme du film est délirant. Les scènes s'enchaînent tambour battant. En ressort une impression de film catalogue trop ambitieux (il aurait fallu 2 parties) assez indigeste à regarder. Il s'apparente à un film pour TDAH (personne avec un déficit de l'attention), ou une vidéo youtube à base de jump cuts, genre Squeezie ou Cyprien.
Conséquence de ces 2 points, le film manque cruellement de chair. Trop mécanique. Il n'y a pas d'ambiance, intrigue, direction, sens, ton, patte. Bien filmé et pourtant plat. Finalement ce qui a le plus de corps c'est la relation avec Joséphine : peu importe sa véracité, en tant que fil directeur elle a le mérite d'être travaillée, contrairement au reste du film.
De même pour l'interprétation de Joaquim Phoenix, qu'en penser ? Oui il trimballe superbement sa morgue grave sur chaque scène, mais il ne créé pas vraiment l'aura et le charisme fou de l'Empereur. Et que retient-on de ce Napoléon, de son projet, génie stratégique, ses démons, sa personnalité ? Pas grand chose à part les morts d'un petit homme qui s'énerve parfois tout rouge.
Créée
le 23 nov. 2023
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