"L'homme nu" ou comment gâcher un sujet passionnant. Déjà, il est parcouru par des répétitions lourdingues qui procèdent d'un bourrage de crâne - qu'il entend pourtant dénoncer. Page 12 on lit que l'on possédera tout sur chaque individu - "émotions, habitudes de consommation, préférences sexuelles" - on avait déjà lu ce même effet d'accumulation quelque part : "son rapport à l'alcool, ses préférences sexuelles".... page... 11 !!
Au-delà de ça, on est frappé par le manque de maîtrise technique des auteurs par rapport à ce qu'ils entendent dénoncer. On apprend peu de choses, pour ne pas dire rien. Les "algorithmes" sont le concept à faire fantasmer sans cesse brandit mais jamais expliqué. Le pouvoir magique qu'on lui prête pour mieux le rendre irrésistible est en fait le témoin de leur grande inculture. Mieux, le terme "big data" est utilisé pour qualifier des personnes morales, les GAFA, alors qu'il s'agit d'une technique !
Mais ce qui est sans doute le plus gênant sans le manque de rigueur au propos général, qui se résume à une sorte de fourre-tout, de recueil de poncifs "anti-technologie". Quel est le rapport Daesh, la quantité de porno sur Internet, les émissions carbone des datacenter, la robotisation, la disparition de la vie privée ? Il s'agit tout bêtement d'un catalogue de toutes les nuisances imaginables par les nouvelles technologies, non pas qu'elles n'existent pas, mais elles sont tellement mal traitées, en surface, que l'on garde cette impression que les auteurs ont cherché par tous les moyens à susciter le grand frisson chez le lecteur sans effort.