Angle mort
Il en est des personnages historiques comme des pièces de théâtre patrimoniales : à chaque fois qu’un metteur en scène s’y attaque, il se doit de livrer sa lecture, et prend soin, avec plus ou moins...
le 26 nov. 2023
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« On peut violer l'histoire à condition de lui faire de beaux enfants. » Cette citation d’Alexandre DUMAS est devenue à elle seule un abrégé de la forme cinématographique la plus contestable et contesté : le biopic.
Et de fait, Ridley Scott s’emploie à circonvenir les faits historiques dans le but, enfin on le suppose, d’amener le récit vers des conventions plus cinématographique ou romanesque. Mais alors, quid d’Abel Gance et de Léon Tolstoï ?
Il fait le choix, et c’est son privilège d’artiste, d’exposer son point de vue, et cela au mépris de l’authenticité. Il prend la liberté, excessive probablement, de dépeindre un Napoléon intempérant, libidineux, mais surtout, et c’est le point nodal du récit, un Napoléon qui brille par son impéritie. Ici pas de stratège démiurgique, à peine un tacticien désinvolte, mais un impétueux, dont l’ardeur se révèle essentiellement dans sa couche. Toutefois, la bête de sommier à des cornes sous son bicorne
On sait gré à Sir Ridley Scott de nous épargner le panégyrique de circonstance. L’hagiographie sentencieuse de l’homme providentiel. Mais l’on aurait pu espérer d’un cinéaste britannique, une satire délicieuse, un pamphlet diffamatoire. Au lieu de ça nous avons droit à un libelle libertin, à une sottie sur l’adultère, à un petit illustré de moments historiques. L’ensemble est servi par une photo terne, traversée de filtres jaunâtres, et d’une mise en scène sans ampleur ni éclat.
Je souscris et je plaide pour que l’on déboulonne les idoles, et à l’instar de Napoléon Ridley Scott en est une qu’il est impératif de faire tomber.
Pour répondre à la citation de Dumas, Scott aura enfanté d’un bâtard hideux et impuissant.
Créée
le 7 févr. 2024
Critique lue 11 fois
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