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Derrière son style réaliste, utilisant des prises longues caméra à l’épaule, faisant improviser ses comédiens pour renforcer l’authenticité des échanges, le film de Robert Altman révèle son commentaire au fur et à mesure que l’on pêle ses couches.
A travers une large palette de personnages (24 majeurs), et une narration fragmentée où les interconnexions se font le plus naturellement du monde, c’est toute la diversité des habitants de Nashville qui est représentée, entrelaçant classes sociales et générations dans une représentation quasiment exhaustive de la société américaine des années 1970.
En filigrane, une campagne électorale qui se déroule comme un spectacle, démystifiant par la même occasion la musique country utilisée à des fins commerciales, stigmatisantes, et politiques. L’art est approprié par une caste qui crache à la gueule des petites gens, brisant par la même occasion des rêves, humiliant une douce naïve dans un strip-tease éprouvant. Et pourtant, certains jeunes se lancent dans une quête de célébrité sans fondement autre que de reproduire des modèles jugés à succès (quand bien même ceux-ci entre-dévorent et cocufient leurs amis), prêts à perdre leur identité personnelle au profit d’un masque public répugnant.
Par la politique spectacle, Altman explore alors les tensions politiques et sociales qui rongent le pays, déconstruisant ainsi ses mythes de succès et de bonheur, et nous balançant l’inévitable violence d’un tel mensonge en pleine gueule comme le clou du spectacle. On tire dans la foule, mais personne ne s’en émeut, show must go on.
Alors on ramasse le micro, et on chantonne tous en chœur: “It don’t worry me”.
Cinquante ans plus tard, même constat.