Voyage intérieur

Quand on voit Martin, son mal de vivre et ses interrogations existentielles, ses dérives qui tiennent autant du rêve que du cauchemar où il imagine en quelques instants d’autres vies, on ne peut s’empêcher de penser à un autre norvégien découvert en 2011 : Anders dans Oslo, 31 août. Moins absolutiste et déjà plus installé que l’antihéros de Joachim Trier – il a une femme et un petit garçon, un boulot et une maison – Martin n’en est pas pour autant mieux dans sa peau. Pour fuir ce quotidien qui l’assaille, il opte pour la dérobade en partant seul en randonnée pendant le week-end dans les grands espaces désertiques de son pays. Le contraste est saisissant entre l’apparence physique de Martin – un beau garçon sportif – et son moi intérieur dévasté de doutes et d’angoisses, torturé au point d’échafauder de multiples hypothèses (divorce, mort de sa femme, handicap de l’un ou l’autre,…) et d’adopter des comportements parfois bizarres et inquiétants. La masturbation devient double : aussi bien physique dans des tentatives d’évasion et de fantasmes logiquement infructueuses que mentale dans une impression d’activité cérébrale constante, y compris en pleine nuit. C’est dans sa résolution que Natür Therapy déçoit tant elle apparait facile et à contrecourant de tout ce qu’on a vu jusqu’alors. En fait une thérapie à renfort de solitude et de retour à la nature jusqu’à une communion organique un peu convenue et à l’efficacité inattendue, eu égard à l’ampleur des maux dont parait souffrir celui qui l’entreprend.