Natural City par Ryo_Saeba
La SF et le cinéma asiatique n'ont jamais fait bon ménage, que ce soit à Hong Kong où le budget réduisait considérablement les opportunités, même si Tsui Hark ou encore Kirk Wong s'y sont tout de même essayé avec respectivement Wicked City et Health Warning, deux nanars tout au plus, au Japon avec récemment le très mauvais Returner, ou encore en Corée avec des films comme le médiocre Yesterday.
Mais depuis le boom du cinéma sud coréen de ces dernières années, le budget des films Coréen devient de plus en plus important grâce à un public local grandissant et voilà que Natural City est lancé, un film de Science Fiction à gros budget dont la photographie et les images de synthèse n'ont rien à envier au blockbusters US comme Minority Report. La grande question du jour est « y a t'il du fond et de la profondeur derrière cette esbroufe visuelle ? » Car au niveau de la photographie, promotion et blockbuster, la Corée est beaucoup plus proche de Hollywood que de Hong Kong il faut le dire, et hormis quelques bonnes surprises comme Friend de Kwak Kyung Taek ou encore plus récemment Old Boy de Park Chan Wook, il n'y a souvent rien derrière ces belles images. Et bien malheureusement, c'est le cas de Natural City.
Durant tout le film, on a une impression de déjà vu, l'histoire, les thèmes, les décors, l'action tout ça nous est familier. Et pour cause car Natural City puise dans beaucoup de gros chefs d'œuvres de la science fiction. Ainsi la plus grosse référence qui est inévitable tant elle est énorme est celle de Blade Runner, dont la trame de départ, la plus part des décors et de l'univers sont tirés. Et puis on retrouve aussi dans les thèmes du film des références à Ghost In the Shell dans son traitement des cyborgs, ainsi que le thème souvent repris dans la science fiction dans des œuvres telles que Gunnm ou Total Recall, de la séparation des classes, les déchets d'un côté et les riches de l'autre, vivant sur une planète paradisiaque inaccessible pour le commun des mortels. Quant aux scènes d'actions, on nous ressert du « Matrix Like » avec des ralentis et pirouettes en tout genre à outrance.
Mais imaginons un instant n'avoir jamais vu tous ces films et arrêtons de faire des comparaisons pour donner une chance au film et le voir comme entité propre, qu'en ressort t'il au final ? Et bien pas grand chose justement car tous les thèmes que le film explore ne sont finalement traités qu'en surface. Il n'y a guère que l'histoire d'amour entre R et Ria qui ressort du lot mais malheureusement elle est tellement mal introduite qu'elle peine à émouvoir. Dès les premiers plans, on nous introduit les deux personnages et leur relation sans aucun background au préalable, on se retrouve propulsé directement dans le film sans aucune explication.
Le film est donc avant tout une histoire d'amour, sur fond de science fiction, totalement inintéressante. Certaines scènes comme celle de la moto suivie de celle sous l'eau qui procurent une certaine émotion dans des films comme les Anges Déchus ou encore Secret Tears, sont ici complètement vide. Hormis ça, il reste les scènes d'actions qui sont beaucoup trop sous l'effet du ralenti constant, à l'image du combat final tourné entièrement au ralenti. Seule la séquence qui précède ce combat se révèle étonnement bonne, un peu plus brutale et spectaculaire que les scènes d'action précédentes.
Au final, même si Natural City se revendique presque comme une romance proche du film d'auteur, ce n'est rien de plus qu'un blockbuster complètement vide sans aucune saveur n'arrivant pas à se créer sa propre identité. A l'image de son pendant animé Wonderful Days, la réussite ne reste que visuelle, dommage.