Sur le papier, Naughty Boy a de quoi faire frétiller l’amateur de cinéma de Hong Kong et ce malgré une affiche absolument immonde (si si, je vous jure). Produit par Jackie Chan qui fait même un cameo, la Jackie Chan’s Stuntmen Association aux commandes des scènes d’action, des rôles tenus par certains de ces derniers comme Mars ou Tai Bo, un casting assez hallucinant de gueules du cinéma de Hong Kong venues s’amuser ou juste faire coucou, et il se susurrerait même à l’oreille que Jackie Chan ne se serait pas contenté de produire, mais qu’il aurait même réalisé une bonne partie de Naughty Boys, bien que ce soit Wellson Chin (la saga Inspector Wears Skirts, The Era of Vampires) qui soit crédité à ce poste au générique. Pourtant, Naughty Boys est un film qui divise. Certains adorent le cocktail comédie / action ressemblant souvent à un film de Jackie Chan de l’époque, alors que d’autres beaucoup moins. Même au box-office, le film avait tout pour être un succès, mais pourtant il ne récoltera qu’un timide 9.8M$HK. Pour tout vous avouer, en ce qui me concerne, le premier visionnage 20 ans en arrière avait écopé d’un beau 8/10, mais après ce nouveau visionnage pour me rafraichir la mémoire, et bien que j’ai toujours passé un bon moment, je suis un peu plus sceptique sur bien des points.
Premier long métrage de Wellson Chin, Naughty Boys va donc aligner un casting assez hallucinant pour qui connait un minimum le cinéma de Hong Kong. Kara Hui, Mars, Tai Bo, Carina Lau (dans son premier rôle), Billy Lau, Phillip Ko Fei et même le réalisateur Clarence Ford (Le Parrain de Hong Kong, Naked Killer) venu s’amuser devant la caméra. Et c’est la même au niveau des tous petits rôles ou des caméros avec la présence de Charlie Cho, Ricky Hui, Dennis Chan, Ben Lam, Ken Lo, Stanley Fung, Yue Tau-Wan et donc même Jackie Chan. Beaucoup de personnages donc, trop de personnages surtout et même si on met de côté ceux qui sont juste là pour passer une tête et faire coucou, il y a moult personnages qui n’ont aucun développement et qui sont même parfois un peu ennuyeux, empêchant le spectateur de s’attacher à eux. Naughty Boys, à l’instar de My Lucky Stars et ses suites, va se la jouer comédie « coquine » avec de l’action. Mais là où le film de Sammo Hung arrivait très rapidement à imposer ses personnages et à les rendre funs et attachants, Naughty Boys a un peu plus de mal. Mars a beau avoir une bouille sympathique, il est bien meilleur cascadeur qu’acteur. Clarence Ford a beau avoir une filmographie intéressante en tant que réalisateur, il a le même problème que Mars. Même l’humour a parfois de quoi laisser sceptique. Autant il y a des scènes burlesques qui font clairement mouche, autant certaines blagues au-dessous de la ceinture ont de quoi exaspérer même les moins exigeants. Néanmoins, malgré pas mal de gags ratés, la bonne humeur générale de l’ensemble fait passer la pilule car tout ce beau monde a l’air de s’amuser et arrive à nous embarquer, même si ce n’est qu’une fois sur deux, avec eux dans leurs délires et permet même d’oublier une mise en scène assez lambda, artistiquement des plus moyennes car on sent bien que ce n’était pas ça qui intéressait réellement toute l’équipe du film. Car là où Billy Lau, Clarence Ford et Carina Lau étaient essentiellement présents pour les ressors comiques, Kara Hui, Mars et les petits copains de la Jackie Chan’s Stuntmen Association sont quand même là pour assurer ce qui sera clairement le meilleur de Naughty Boys : les scènes d’action.
Beaucoup d’acrobaties, beaucoup de chutes qui font mal et de cascades dangereuses (saut du 3ème étage d’un immeuble sur le toit d’un camion qui roule, acteur renversé par une voiture, sauts sur le sol sans protection, chute à travers des palettes, …) bien que parfois aidées par des câbles, … On reconnait clairement le style Jackie Chan dans l’action, dans certaines chorégraphies, et dans cette propension à utiliser l’environnement à bon escient dans le plus pur style de Jackie. Même si l’action est rare dans la première moitié, la deuxième est nettement plus mouvementée avec un final très fun dans un entrepôt comme on en voyait souvent à cette époque, même si bien plus basé sur les cascades et les chutes que sur les arts martiaux à proprement parler (bien qu’il y ait quelques affrontements). Les cascadeurs sautent partout, se jettent de n’importe où, et on se demande parfois comment ils font pour en sortir indemnes. Mars avait la réputation d’accepter toutes les cascades qu’on lui demandait de faire, et c’est probablement mérité quand on voit le nombre de fois où il semble se blesser ici. On notera également qu’une jolie place est laissée à la gymnastique pour le personnage de Carina Lau, bien que cette dernière soit très souvent doublée par un professionnel de la discipline dès que les mouvements commencent à se compliquer. On ne s’attardera pas trop sur le scénario qui lie l’ensemble car il tient sur un timbre-poste, avec cette histoire de diamants qui ont disparu et tout un tas de quiproquos plus ou moins attendus. Certes, il est correctement développé, avec tout qui finit par s’emboiter comme il faut au moment où il faut alors que ça part parfois dans tous les sens, mais il est surtout un peu prétexte à préparer cette longue scène finale où tous les différents groupes de personnages qui le composent se retrouveront au même endroit pour se balancer joyeusement dans le décor.
Naughty Dogs va mélanger maladroitement des scènes de comédie sexy et des scènes d’action mises à boite par la Jackie Chan Stuntmen Association. Le résultat est un peu bancal mais néanmoins très divertissant avec des cascades assez folles.
Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-naughty-boys-de-wellson-chin-1986/