Ovni improbable et inattendu, Ne Coupez Pas ! (plus connu sous le titre international One Cut of the Dead) a tout du miracle, tellement son parcours force le respect et l’admiration. Ce film au budget minuscule de 25000 Euros et tourné en 8 jours (…), sort tout d’abord dans deux salles au Japon, avant de remporter, grâce à un bouche à oreille épidémique, un succès explosif (15 millions de dollars au Japon seulement). Après plusieurs festivals à travers le monde où le film enflamme les spectateurs et les critiques, le film débarque en France. Et après visionnage de la chose, on comprend pourquoi le film emporte une adhésion aussi générale.
Le métrage commence en un plan-séquence qui se situe pendant le tournage d’un film de zombies à petit budget. On suit sans interruption, pendant une grosse demi-heure, l’équipe être véritablement attaquée par des zombies. Le ton et l’ambiance, volontairement comiques, font écho aux débordements gores et aux folies visuelles de Brain Dead de Peter Jackson, pour ne citer que cette référence. Mais avec une ambiance beaucoup plus Z et avec des errances de jeu qui nous font penser que, même si c’est sans cynisme aucun, on est juste face une grosse blague visuelle à petit budget.
Là où le film commence comme un exercice de style (le plan-séquence) parodiant un cinéma bis usé jusqu’à la corde (le film de zombies), de surcroit sur un mode démonstratif ancré dans le genre ces dernières années (le found footage), on pense avoir cerné le propos et on accepte le délire sans se poser de questions. Jusqu’à la « fin » du film qui arrive au bout de 37mn donc, générique faisant foi. Et pourtant ,contre toute attente, le film continue. Ou plutôt, le vrai film commence, en explosant des barrières et des repères que l’on n’avait pas vu arriver.
Ce qu’il va se passer par la suite est une telle surprise et transpire un tel amour du cinéma, que la mise en place du cœur de l’histoire va vous retourner les sens et balayer ce que vous aviez cru voir ou comprendre. Le seul exemple de manipulation similaire qui me vient à l’esprit, c’est Retour vers le Futur 2. Ici aussi il y aura un jeu sur le point de vue qui vous fait remettre en perspective ce que vous avez vu précédemment. A la différence que cela se joue sur un niveau supplémentaire. Là où le film de Zemeckis faisait se croiser les mêmes protagonistes en jouant sur le paradoxe temporel, ici on vient briser le mur de la fiction par l’angle de la narration. C’est une expérience assez étrange car le procédé bouleverse votre perception et modifie la dimension de l’œuvre, qui prend pour le coup une autre tournure. Les personnages deviennent réels (alors qu’ils sont pourtant dans la même œuvre fictive) et l’histoire nous embarque dans une bataille complètement folle sur le thème de la création en général et sur la réalisation en particulier.
Jouissif dans son approche ludique mais sans une once de futilité, le film s’avère être au final une magnifique lettre d’amour au cinéma, écrite avec folie et énergie certes, mais surtout avec une maîtrise du propos et des moyens mis en place tels, qu’on en ressort ébahi et le sourire aux lèvres. Les dernières secondes arrivent même à nous émouvoir tellement l’apothéose formelle de cette œuvre méta en diable est conclue de manière touchante et maline.
Et je ne parle même pas du générique de fin en forme de making off qui rajoute une strate de réalité/dimension au tout. Film dans le film dans le film. Une claque.

aliasniko
10
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le 6 mai 2019

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aliasniko

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