Ne croyez surtout pas que je hurle, le premier long métrage de Frank Beauvais, assisté au montage par Thomas Marchand, se constitue d'un enchaînement de plans de films de fictions – particulièrement appréciés par le réalisateur – et qui, telle une cartographie, révèlent les images associées au récit intime qu’il nous livre, exprimant visuellement ce que les mots ne contiennent qu'imparfaitement. A la grisaille des paysages d’Alsace et aux tempéraments rudes et conformistes des habitants du village, Frank Beauvais leur préfère le cinéma dans lequel « les mirages de la vie se teintent de sublime », s’enfermant par conséquent dans ces univers fictifs – il a visualisé plus de 400 films entre avril et octobre 2016 –, qui constituent un rempart carcéral à un monde jugé trop violent et infâme. Mais au-delà de la profondeur des réflexions et des constats criants de vérité que propose Beauvais, c’est la sincérité de sa démarche qui bouleverse. Elle le conduit à interroger sans cesse les motivations cachées à l'origine des actions et chercher à établir un autoportrait débarassé de complaisance, d’auto-apitoiement ou de narcissisme. Dans un va-et-vient entre une contemplation du monde et une volonté, avortée, d’y participer, le cinéma apparaît comme une solution, et une nécessité.