« J « , un drogué sympa, fauché, perdu, dont le destin est de devenir une épave croit un instant à une histoire d'amour qui pourrait lui redonner une chance de se refaire une vie sociale. Sur son avant bras, il a fait tatouer « Born to win ». De maladresses en malchances, le douloureux optimiste ruine ses espérances. Voilà l'histoire avec laquelle Ivan Passer a décidé de faire rire. A cette fin, les tristes aléas deviennent des gags mais,derrière, il reste le portrait nuancé et touchant d'une humanité grise.
Et j'ai effectivement souri à l'échec, à la déchéance physique et morale de cet escroc maladroit embourbé dans la crasse des dealers pourris qui le pressurent et des flics qui le manipulent.
Si j'ai souri de tout ça, de son enfer, c'est que c'est clairement traité en comédie.
Pour son premier film américain, cet Ivan Passer m'a brillamment mis dans sa poche. Sa fantaisie pudique surpasse l'ironie amère. Même si le fond du scénario est d'une noirceur implacable, le récit de cet homme pitoyable reste comique ; mais un comique dramatique.
C'est inspiré d'une histoire vraie. George Segal, qui a sauvé ce scénario du pilon et produit le film, est formidable dans le rôle de J et Karen Black est aussi épatante. Paula Prentiss, qui apparaît à l'écran pendant trois minutes environ figure pourtant en second sur l'affiche ; interrogé au Festival du film de New York, Ivan Passer a déclaré que son agent l'avait exigé. Dans un petit rôle, De Niro, encore inconnu (deux ans avant Mean street) a tellement voulu improviser des effets pour se faire remarquer qu'il a failli se faire licencier : une curiosité.
C'est donc une tragi-comédie « socio-policière », bien urbaine, très typée des années 70, aux couleurs aujourd'hui presque « sépia », qui devrait intéresser certains des amateurs qui rôdent sur SC.