J'ai découvert ce court-métrage de manière tout à fait fortuite. Savoir que Monsieur Astier était dedans et que Monsieur Hembert était à la réalisation a suffit à me donner envie de regarder. Et j'ai donc découvert le sujet de la discussion sur le tas.
Le scientifique physicien (Etienne Klein) et l'auteur-acteur-mélomane (Astier) discutent de l'univers, de la lumière et du poulet dans un petit salon de coiffure. Deux jeunes femmes les coiffent pendant que s'échangent les explications, les vulgarisations et les bons mots. Si le contexte du salon est tout d'abord surprenant on finit par s'y installer en leur compagnie, comme n'importe quel client tranquillement affalé sur son siège. Les cheveux sont lavés, rincés, et on apprend donc que la lumière ne peut pas être accélérée même si son origine se déplace, que finalement le boson de Higgs n'est pas si étonnant que ça, et que la liberté est dans les paramètres. Les coiffeuses massent la tête de nos deux génies et on ressent soi-même des chatouillements sur le dessus du crâne. C'est à cause de l'empathie que l'on éprouve pour l'action des doigts sur le crâne de Monsieur Klein, ou bien est-ce parce que ce qu'on nous raconte vient perturber les étagères au fond de notre cerveau ?
La situation est prosaïque et se prête peu à l'expression artistique ; et pourtant le cadrage et le montage insufflent un peu de vie à l'ensemble, suffisamment pour nous convaincre et nous donner envie de rester là, à écouter sagement, à boire les paroles des maîtres. Lorsque viennent les sèche-cheveux on en vient à craindre pour la prise de son ; mais non, tout est impeccablement préparé et la voix des deux hommes reste parfaitement compréhensible. Tout au plus un léger inconfort, mais qui ne fait que nous immerger dans l'ambiance du salon.
Finalement Astier et Klein repartent détendus, la tête allégée de quelques cheveux. Et la notre alourdie de connaissances et surtout de questions. Passionnant.