Ne Zha est un des plus gros succès du box-office en Chine, et ce n'est pas étonnant puisqu'il adapte un classique de la littérature nationale - L'Investiture des Dieux - avec un des personnages les plus populaires de la culture du pays : Nezha, l'enfant démon, qui a souvent croisé la route du Roi Singe, autre célébrité de la mythologie chinoise. Yu Yang réalise ainsi son premier long-métrage, à la tête de son propre studio d’animation (Chengdu Coco Cartoon), et gère brillamment ce mélange d’Histoire, folklore, démons et autres incursions fantastiques. On suit donc cet enfant, dans lequel s’est réincarnée une énergie démoniaque, subir le rejet et la peur des villageois, tout en s’en vengeant en usant de ses pouvoirs sur eux. Parallèlement, l’énergie céleste qui lui était destinée, et fut volée, est récupérée par le nouveau-né des dragons reclus au fond des océans, espérant ainsi être acceptés dans les cieux. Les deux destins opposés finissent par se croiser au long d’une trame qui n’est pas si manichéenne. Au contraire, le scénario aborde ces notions de préjudice et destinée innés, avec un excellent développement du caractère de Ne Zha – qui n’hésite pas à libérer sa puissance destructrice face au rejet des siens – dans une aventure coming of age très bien rythmée, dotée d’un humour amusant et, surtout, propice au spectacle graphique. Principalement en CGI, avec un chara-design volumique rondelet, le film est évidemment garni d’effets représentant les forces du bien et du mal. Les environnements et lumières ont un bon rendu graphique, dans des scènes visuellement équilibrées, tantôt aux couleurs chatoyantes, ou à la palette plus sombre et dramatique lors du climax qui libère près de 30min d’une démonstration visuelle exaltante. Les chorégraphies sont fluides, et captées sur des plans séquences virevoltants ; de quoi aligner la technique artistique à l’essence divine et inspirante de ces légendes, qu’on va rapidement retrouver au vu du teasing d’une suite.