Alexander Payne qui avait fait vibrer les Oscars et avait donné une nomination à Clooney dans la catégorie meilleur acteur en 2012 avait tout à gagner dans ce road movie dramatique à la sauce US. Pour cela il se compose d'un Will Forte inspiré, acteur presque inconnu du grand public à part pour jouer le jeune Bobby dans "Le Tour du monde en 80 jours". Ce personnage de David Grant fils de Woody Grant incarné par l'exceptionnel Bruce Dern (qui jouait anciennement dans de nombreux westerns et de films de Pollack) est un petit bijou d'interprétation. Car ce qui est marquant dans ce film est la manière dont deux personnages se donnent la réplique avec une aisance incroyable. On a l'impression qu'ils se connaissent depuis des années et la relation père-fils fonctionne parfaitement.


Ce qui caractérise le cinéma indépendant américain (et donc le cinéma de Payne) est sa manière de rendre la mise en scène et les personnages attachants. Spielberg disait que pour le combler il fallait qu'il oublie la présence de la caméra dans l'œuvre cinématographique. Et c'est justement le point fort de ce film. On n'est pas plus absorbé par la technique de réalisation ou de mise en scène mais par la trame incroyablement captivante de la diégèse. Ce vieux papi qui souhaite absolument récupérer son pactole et est prêt à tout pour pouvoir y parvenir. Et comme tout bon road movie soigné, on assiste bouche bée à la découverte d'un univers unique. Des personnages haut en couleur de l'Ouest américain se succèdent Etat après Etat se manifestant devant notre héros tous plus atypiques les uns que les autres rendant le décalage savoureux face à ce héros qui lui, reste toujours le même. Constamment dans sa bulle, il reste déterminé à aller vers un bonheur illusoire et finalement minime : s'acheter un truck et une broyeuse (objets clichés mais atypiques des vieux américains des Etats du Sud !)


C'est dans ce voyage qui rappelle indubitablement le "Little Miss Sunshine" de Dayton et Faris (réalisateur à l'époque inconnu) que les personnages (ainsi que le spectateur complice) vont pouvoir évoluer et ressortir instruit de cette expérience qu'est la vie ! A voir pour l'interprétation magistrale de Dern en papi ronchonneux mais attachant, prix largement mérité de l'interprétation masculine à Cannes cette année mais aussi pour la justesse et l'acuité visuelle qu'à su nous faire part le réalisateur pour nous offrir un drame finalement plutôt comique de la réalité d'une american way of life...

Raphaël_Mørgan
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le 27 mai 2013

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