Sur la route d'un drôle de truc qu'on appelle la Vie.
"Nebraska" d'Alexander Payne est un film qui s'emploie à nous raconter l'aventure un peu farfelue d'un senior qui a décidé de ne pas renoncer.
Armé d'un noir et blanc impeccable, qui vient faire échos au temps qui a passé pour ces personnages, Payne signe ici un film très sincère et touchant sur la vie après soixante ans, sur les relations lorsque l'on atteint l'âge tendre, et bien évidemment sur le bilan d'une existence.
"Nebraska" s'apparente à un road-movie tout à fait classique au premier abord, mais il s'avère finalement réalisé avec beaucoup de subtilité et d'originalité. Le film est également plein d'humour noir, les deux principaux seniors (Bruce Dern et June Squibb) vont petit à petit être amenés à faire le constat de cette vie qu'ils commencent à laisser derrière eux. Évidemment cela donne lieu à des scènes plus dramatiques, mais aussi à d'autres qui s'avèrent très drôles, la scène du cimetière notamment, ou bien encore certaines répliques du personnage de Woody.
Woody est un homme qui a décidé de ne pas renoncer, il n'a peut-être plus toute sa tête par moment, mais il est bien décidé à faire ce qu'il lui plait. Bruce Dern incarne ce personnage touchant et drôle avec beaucoup d’aplomb, l'acteur fait merveille et délivre une très belle prestation. Ce personnage fait écho à cette Amérique ampoulée par une crise économique, mais qui tente malgré tout de continuer à avancer, Alexander Payne parvient à faire ce parallèle sans jamais tomber dans la grosse caricature. Bien au contraire puisque le film penche plus vers la comédie que la satire.
D'ailleurs pour ce qui est de faire rire, il faut bien entendu parler de June Squibb qui incarne Kate, la femme de Woody. Cette dernière est hilarante et très juste dans son jeu, un personnage fort et sensible auquel on s'attache instantanément. Évidemment on ne peut pas non plus oublier de souligner la bonne prestation de Will Forte, il tient ici le rôle d'un homme qui tente de renouer avec son père tant qu'il le peut encore. La relation entre les deux protagonistes est très touchante.
Outre cela, il est important de parler de l’esthétique du film, le noir et blanc a donc un vrai sens, mais il est aussi très travaillé, il n'est pas tout lisse comme on peut le voir sur certains films récents réalisés de la même façon, il y a dans ce filtre quelque chose d'assez granuleux, c'est très propre mais pas lisse. Vient s'ajouter à cela une mise en scène soignée et contemplative, Payne gère parfaitement ses cadres et son champ. La bande-originale est quant à elle très jolie, elle vient faire le parallèle avec le ressenti des personnages. Les notes rappellent un peu une sorte de vieille comptine Américaine, évidemment très adéquate avec le Nebraska qui est le cadre du film, mais véritablement très juste aussi pour ponctuer les actions et les pensées des personnages.
Il s'agit donc d'un très beau film, pas forcément émouvant mais touchant. Alexander Payne avec "Nebraska" nous invite à un voyage à travers le temps qui passe, aux côté de personnages attachants et justes. Une belle découverte.