Petit bijoux que ce Necrofobia, qui cumule avec jubilation le style des giallos (en partie seulement, en termes de style, on tient un curieux mélange de giallo argentesque (sans la fantasmagorie colorée) et les gros plans à la Coppola) et le trip fantastique total, qui tient presque de l'exercice de style. Necrofobia est moins un thriller policier qu'un film d'horreur à concept, d'autant plus original qu'il n'est pas possible de prédire un seul instant dans quelle direction l'histoire partira (enfin, si d'une certaine manière, pour mieux surprendre par la suite). Et quand le film se révèle enfin, c'est l'euphorie. On cède alors à l'envie de se transformer en catalogue de référence, le film mêlant dès lors de multiples ingrédients qui rappellent tantôt Angoisse de Bigas Luna, Time Crimes de Vigalondo, Maniac pour les décors glauques. C'est un florilège de références involontaires, car Necrofobia a sa propre identité, et les petits effets qu'il semble emprunter ça et là servent tous à créer une ambiance qui lui est propre. Il est rare de tomber sur une pépite de ce genre, qui ménage véritablement plusieurs surprises, et qui surtout abandonne peu à peu sa cohérence pour privilégier le malaise dans lequel il plonge son personnage principal, et nous avec. Histoire de ne pas trop spoiler, on se contentera de disserter sur la miniboucle qui sert d'introduction au film. Brouillant sans arrêt les repères géographiques par un montage précis et une gestion habile du cadre, le film arrive à nous faire vivre cette crise de necrophobie à force de petits effets payants, qui créent véritablement une angoisse psychologique toujours à la lisière du fantastique, et la relation qu'entretient le film avec le temps (qui reste à vivre, donc) se développe d'une façon subtile, d'ailleurs plutôt bien développée. Quand son intrigue s'est lancée, on constatera bien vite que le film abandonne les justifications, faisant le paris de nous avoir déjà dans la poche et de nous emmener loin dans l'angoisse plutôt que de se contenter de clichés cohérents. L'utilisation des artifices du giallo n'est d'ailleurs que pur style, pour créer une ambiance visuelle fétichiste agréable à l'oeil, et ajouter un petit côté mystère à l'identité de ce tueur toujours dans l'ombre. On a moins recours aux gimmicks du style qu'à l'esthétique, et l'originalité s'en trouve ainsi préservée. Après, on a des personnages plutôt clichés (la policière, pas particulièrement utile), le principal reproche qu'on puisse lui trouver. Pour le reste, bien qu'un poil surchargé de style, Necrofobia se consomme avec curiosité et satisfaction, les œuvres d'ambiance manquant cruellement de nos jours. Pour ma part, le premier représentant purement spectaculaire du néo-giallo réussi, exploitant une bonne avec un sens aigu de la surprise.