Comme l’indique son titre, Need For Speed traite du besoin pathologique qu’ont certains de rouler très (trop ?) vite, ce besoin de se faire des shoots réguliers d’adrénaline au volant, de rouler au mépris des règles communes de circulation, au mépris de ceux qui ont le malheur de se trouver sur leur route. En ce sens, Need For Speed peut trouver plusieurs niveaux de lectures, qui varieront en fonction de l’addiction du spectateur lui-même à la vitesse. Certains y retrouveront les rodéos urbains qui sévissent encore aujourd’hui dans certaines villes, on pourra même penser au phénomène des go-fast, ces acheminements de drogue à grande vitesse, dans de puissantes voitures à travers toute l’Europe. D’autres seront consternés par un si haut niveau de bêtise…

On pourra tenter de « philosopher » autour de NFS, en y voyant un film de gladiateurs routiers, qui font de la route leur arène, de jeunes rebelles qui remettent en cause l’ordre établi en refusant de respecter les règles élémentaires de sécurité routière quitte à, ultime défi, mettre en jeu la vie des autres conducteurs. Sauf que, jouer les rebelles sans avoir un minimum de pensée, d’idéal vers lequel tendre, de références idéologiques bref : être rebelle pour être rebelle, ça s’appelle être un petit con. Ce film est rempli d’abrutis qui prennent leur pied avec de jolies filles en petites tenues, de grosses voitures très chères, qui se moquent éperdument de provoquer des accidents graves, se foutent ouvertement des forces de l’ordre, qui éclatent de rire quand ils font voler le caddie d’un SDF et considèrent les autres usagers de la route comme autant d’obstacles sur leur passage qui leur permettront de tester leur adresse derrière un volant.

Alors on aurait pu espérer que, comme dans Bullitt dont on voit quelques images d’entrée, NFS nous contenterait au moins avec des images de course jouissives. C’est certain, ça va vite et pour une fois cette vitesse n’est pas exagérée avec des mouvements de caméra qui trompent le spectateur. Sauf que c’est tout, rien d’autre à se mettre sous la canine vorace, à par un pauvre vol plané filmé au ralenti, mais pourquoi donc ?! La mise en scène n’est en fait pas à la hauteur, les voitures sont certes magnifiques, mais pas mises en valeur par un Scott Waugh qui n’a pas décidé de se lâcher derrière sa caméra. On a donc une succession de courses interchangeables, pas désagréables mais excessivement répétitives et finalement, il n’y a guère que le bruit des moteurs (merci aux preneurs de son), qui permette de vraiment s’impliquer.

Finalement, les acteurs arrivent peut-être à sauver le tout du naufrage, Imogen Poots (Beautiful Ruins) en tête, blondinette bourrée de charme et ressemblant étrangement à Rosanna Arquette. Aaron Paul (Exodus) semble à l’aise dans son rôle, trainant une sorte de flegme désabusé et face à lui l’excellent Dominic Cooper (Fleming, The Man Who Would Be Bond) confirme un réel talent, cette fois dans un rôle d’infâme salopard arrogant. Quant au légendaire Michael Keaton, presque en roue libre ici, il reste pourtant sous-exploité, coincé derrière un bureau il n’exprime qu'une infime partie de son immense talent et c’est navrant. On attendait aussi une bande-originale à la hauteur de celles de la série de jeux vidéos, du Linkin Park à gogo (qui vient d’ailleurs de sortir un album !) enfin, une bande-originale musclée et à la hauteur du vrombissement des moteurs. Mais rien de tout ça, la musique de Nathan Furst (tâcheron musical du cinéma hollywoodien) est oubliée avant même d’avoir été écoutée et ne colle pas du tout à l’univers du film, elle parviendrait presque à le plomber un peu plus.

On peut comprendre que NFS est un film qui fait débat, qui est contesté par la Ligue Contre La Violence Routière, car il fait l’apologie de la vitesse sur des routes ouvertes, première cause de mortalité sur les routes. Mais avec un peu de recul, on se rend compte que ceux qui sont influencés par ce film manquent en fait d’éducation routière et sont déjà probablement des fous du volant bien avant de voir NFS. Ceci dit, le film en lui-même n’est pas une immense réussite et défile aussi lentement que les voitures y vont vite. Son idéologie serait donc beaucoup plus digeste, si on avait devant les yeux un grand film qui ne se contente pas de parier sur notre admiration pour les grosses et belles voitures.
Jambalaya
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le 7 août 2014

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