Que dire à propos de Nelly et Monsieur Arnaud que je n'ai pas déjà dit sur les autres films de Claude Sautet ? Le réalisateur français est le chef de file du cinéma intimiste bien de chez nous. Dans sa dernière réalisation sortie en 1995, il est au sommet de son art. Tout ce qui fait qu'on aime son cinéma est présent dans son film testament : simplicité, quotidien, intimité, délicatesse, pudeur, humanité, réalisme, etc.. Et puis il y a la qualité, la finesse des dialogues qui m'ont laissé béat de plaisir, notamment ceux des tête-à-tête entre un Michel Serrault incroyablement bon et une Emmanuelle Béart très convaincante, même si j'ai eu un peu de mal avec le côté antipathique que dégage le personnage de Nelly. Etait-ce écrit ainsi dans le scénario ou est-ce la faute de l'actrice ?
Sous nos yeux, deux êtres que tout sépare sur le papier (âge, sexe, culture, position sociale, situation financière - à ce sujet le titre est très évocateur) vont se rapprocher singulièrement l'un de l'autre. Chacun se fera une idée sur la véritable nature de ce lien en devenir mais le scénario se garde judicieusement de trop en dire. Comme d'habitude, il intègre à l'intrigue principale des personnages secondaires, la plupart inconscients de ce qui se noue, qui mettent les protagonistes principaux en interaction avec le monde extérieur, comme pour mieux exacerber l'exception de leur attachement mutuel. C'est l'occasion de croiser Michael Lonsdale, Claire Nadeau, Michèle Laroque, Charles Berling, Jean-Hugues Anglade et d'autres. C'est malheureusement aussi la dernière fois que l'on croise la route de Monsieur Claude Sautet.