Troisième volet d'une trilogie qui porte à l'écran l'œuvre du célèbre romancier Renzaburô Shibata. Cette trilogie, produite par la Toho entre 1956 et 1958, est la première adaptation cinématographique du roman populaire, bien avant que la Daiei n'en rachète les droits et produise une série de quatorze films (entre 1963 et 1969 !) ou que la télévision ne s'approprie le personnage au travers de plusieurs séries dans les années 70 et 80.
Dans les trois films sortis des studios de la Toho (Kyôto), le rônin Nemuri Kyôshiro est incarné par Kôji Tsuruta, un acteur en vogue qui se distinguera particulièrement dans la décennie suivante en jouant les yakuzas au grand cœur, ici épaulé par un beau casting dans lequel on retrouve notamment Ken Uehara (qui joue un rôle secondaire), Isuzu Yamada (l'une des égéries de Mizoguchi puis de Naruse) ou encore la belle Michiyo Kogure (L'Ange ivre, Le Destin de Madame Yuki). L'œuvre ne rencontre malheureusement pas son public : les réalisateurs ne sont pas vraiment des têtes d'affiche -- c'est à ma connaissance le seul long-métrage dirigé par Kawanishi -- et la rigidité des combats de sabres est sévèrement critiquée, un comble pour un chanbara, alors que les studios Toho produisent à la même époque La Trilogie de Musashi (Inagaki) ou encore La Forteresse cachée (Kurosawa). Kyôshirô n'a pas non plus dans le film le caractère complexe et presque nihiliste qui plait au lecteur du roman.
Mais le rônin n'a pas dit son dernier mot et deviendra même l'un des héros les plus populaires du genre sous les traits de Raizô Ichikawa et Masakazu Tawara. Ce volet reste néanmoins sympathique, certes pénalisé par un jeu d'acteurs quelque peu daté, une intrigue parfois confuse et des combats assez éloignés des standards du genre. Mais de belles séquences et une photographie N&B tout à fait correcte viennent relever l'ensemble.