On n'avait pas eu de nouvelles de Tanaka depuis le premier épisode de la saga. Son retour aux manettes signe une nouvelle régression avec un opus "loner" qui pourrait être totalement déconnecté de la série. Ca serait même presque une bonne chose car certains effets commencent presque à virer aux runnings gags involontaires : les tentatives de séduction sur Kyoshiro impassible (ou Kyoshiro jouant de sa position privilégiée pour tester la vertu d'une damoiselle en détresse), les lances surgissant des tatamis, les adversaires qui passent leurs temps à dire qu'ils repoussent leur confrontation pour la fin du film... sans oublier la fameuse technique du "Full-moon-cut" que Ikehiro avait eu la bonne idée de réduire au maximun pour éviter la lassitude.
Plus que jamais, l'impression que l'équipe suit le cahier des charges sans imagination avec de plus un scénario d'une immense platitude qui n'a rien à raconter. Le sentiment de surplace est renforcé par certains décors qu'on a l'impression d'avoir vu à 3-4 reprises au gré des précédents numéros.
Une fois qu'on a dit ça, il faut heureusement reconnaître que le film possède plusieurs qualités qui redressent le bilan. Tanaka prouve qu'il peut parfois surprendre agréablement. Dans cet épisode, on trouve une stupéfiante séquence graphique, presque psychédélique, avec une aveugle qui attaque Nemuri en troublant sa vision. La scène est donc entièrement plongée dans le noir à part une lueur colorée oscillante irréelle.
En dehors de cette séquence, c'est davantage du classicisme d'un honnête niveau avec quelques cadrages réussis et régulièrement une bonne atmosphère qui repose sur des formules déjà vues des dizaines de fois ailleurs mais bien exploitées : le combat dans la forêt embrumée ou le final sous la neige qui dégagent toujours leur petit effet.
Ce qui fait surtout la qualité de ce Sleepy eyes of death est la création de deux tueurs à gages pour dessoude Kyoshiro Nemuri, chacun étant embauché par l'un des lieutenants. Ces deux adversaires sont campés par deux acteurs charismatiques et sont d'un niveau égale à ce dernier dans le maniement des sabres. Les combats qui les opposent au héros sont ainsi peut-être les plus chorégraphiés et intenses puisqu'ils ne reposent pas sur une seule passe d'armes.
La seconde moitié s'en trouve grandement valorisée et ces deux adversaires donnent une belle dimension tragique et noble à l'approche du dénouement.
Démarrant sous des auspices alarmant, ce dixième volet s'avère finalement encore tout à fait plaisant