Je dois commencer ce billet par un aveu : je n'ai acheté le DVD de ce film que parce que le très mignon Théo Frilet y interprète un des rôles principaux. Je l'ai regardé cet après-midi et j'ai finalement découvert un film plutôt agréable à voir, indépendamment de la plastique avantageuse et du visage charmant de Théo Frilet (sur l'affiche ci-dessus).

1968. Catherine, Yves et Hervé ont vingt ans, sont étudiants à Paris et s'aiment. La révolte du mois de mai bouleverse leur existence. Gagnés par l'utopie communautaire, ils partent avec quelques amis s'installer dans une ferme abandonnée du Lot. L'exigence de liberté et la recherche de l'accomplissement individuel les conduisent à faire des choix qui finissent par les séparer.
1989. Les enfants de Catherine et Yves entrent dans l'âge adulte et affrontent un monde qui a profondément changé : entre la fin du Communisme et l'explosion de l'épidémie de sida, l'héritage militant de la génération précédente doit être revisité.

Le récit est parfois maladroit mais c'est globalement une fresque réussie sur la génération Mai 68 et celle de leurs enfants. Le film retrace les grands combats militants de mai 68 à nos jours et dresse un portrait sans concession de deux générations de militants. J'ai ainsi assisté avec un plaisir non dissimulé à l'évolution du personnage d'Yves, de jeune révolutionnaire en 68 et fondateur d'une communauté hippie au bourgeois rangé, mais de gauche et s'indignant des résultats électoraux en 1995 et surtout 2002.

J'ai lu ça et là que certains reprochaient à ce film d'être caricatural et rempli de clichés ; pour ma part, j'ai plutôt eu l'impression que le propos était nuancé, même s'il est évidemment engagé. Les jeunes « révolutionnaires » de mai 68 ne sont pas présentés sous un angle angélique, bien au contraire, le film ne cache pas leurs compromis et leurs renoncements au fil du temps.

Dans sa deuxième partie (de 1989 à nos jours), le film insiste également sur la lutte contre le SIDA à travers les personnages interprétés par Théo Frilet et Edouard Collin. Boris et Christophe sont homosexuels et séropositifs, et on suit l'engagement militant de Boris au sein d'Act-Up. Là encore, c'est parfois maladroit mais l'exercice était de toute façon périlleux.

La principale critique que je ferais à ce film c'est de parfois en faire trop dans la volonté de montrer l'Histoire : il arrive par moment que les personnages ne servent que de prétexte pour mettre en scène des événements historiques. Malgré tout, cela reste à mes yeux un film réussi sur les grands combats sociétaux des quarante dernières années.
ZeroJanvier
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le 5 déc. 2010

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Zéro Janvier

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