D'abord, ne pas se fier à l'affiche qui peut laisser imaginer un western ou l'action et la violence prédominent et seraient le moteur du film. Bien sur elle est présente cette violence, mais c'est plus vers une chronique du quotidien des membres d'une petite ville des USA, au début du siècle dernier, dont il est question ici.
On y suit la vie d'un charpentier/croque mort et de sa famille. A la limite de la pauvreté ils survivent, comme tous les habitants, dans des conditions austères et difficiles. Dans la vie de ces premiers colons, on est plus proche de la survie, d'assurer le gite et le couvert à soi et sa famille que de glorioles galopades dans les vastes étendues de Vallée de la Mort.
En plus, il n'y a ici, ni poussière, ni désert, ni soleil, pas plus qu'il n'y a d'indiens... mais seulement un monde plein de boue, d'humidité et de bicoques en bois qui semblent ne tenir qu'a un fil.
On n'est pas dans le décorum des westerns Hollywoodien, ou dans celui des western spaghetti. On se rapproche beaucoup plus d' "Impitoyable" ou plus récemment des "Frères Sister".
Et bien sur, déjà, un monde que tente de contrôler une congrégation religieuse fermée sur elle même.
C'est pour cela que l'arrivée et l'installation en ville d'un trio de quidams peu recommandables qui rouvrent un salon, sert de catalyseur à un déferlement de toutes les frustrations accumulées. Prostituées, jeux, boissons, chassez le naturel et il revient "au galop" (puisque de western il s'agit).
Le film devient vraiment intéressant quand ce charpentier/croque mort commence à comprendre qu'il va "de facto" tirer un bénéfice de cette immoralité galopante. Que l'accumulation de décès qu'elle engendre est pour lui une source de bénéfice et d'enrichissement au fur et à mesure qu'il procède aux enterrements presque quotidiens.
Sans aucun misérabilisme ni aucun effet cinématographique pour enjoliver l’enchaînement dramatique final, le style du film reste dans un grand classicisme. Le rythme est lent et maîtrisé. Le déroulé de l'histoire est précis et concis. La tension augmente régulièrement au fur et à mesure de la plongée de la ville dans le sang et les larmes. L’appât du gain, la violence gratuite et meurtrière, la désespérance d'une mère pour prostituer sa fille déclinent le scénario vers une inéluctable explosion finale.
Pas de vrai gagnant à la fin mais beaucoup de perdants et d'illusions évaporées.
Le règlement de compte qui va clore la vie de certains, est lui aussi filmé sobrement. Il ressemble plus à une tragédie "grecque" qu'au final de Django.
Pas de Winchester à répétition, dans cette histoire, mais comme le demande le "héros" un "fusil pour tuer en une fois..."